Six Assiettes Royales En Porcelaine De Sèvres Du Service Du Roi Louis-Philippe au château de Bizy

SIX ASSIETTES ROYALES EN PORCELAINE DE SÈVRES
DU SERVICE À DESSERT DU ROI LOUIS-PHILIPPE AU CHÂTEAU DE BIZY
Rare ensemble de six assiettes en porcelaine dure, calibrées, à fond bleu turquoise, à ornements dans le style mauresque imprimés en or, à décor polychrome alterné au sein de dix lobes de groupes d'oiseaux et de fleurs.
Très bon état.
Manufacture royale de Sèvres, époque Monarchie de Juillet, 1842-1847.
Marques de Sèvres aux tampons bleus et dorés au chiffre du roi Louis-Philippe : une assiette datée de 1842, une de 1843, trois de 1847, 1 sans marque (marque en creux 1844).
Marques du château de Bizy au tampon rouge (sur trois assiettes, trois non marquées de 1847).
Diverses marques de peintres dont Sinsson, Eugène Richard, etc.
Marques du doreur Jean-Louis Moyez.
D. 24,5 cm.

Provenance
- Service à dessert du roi Louis-Philippe au château de Bizy.
- Probablement la princesse Clémentine d'Orléans (1817-1907).
- Collection privée française.

Historique
Un service à dessert est commandé verbalement par le Roi en avril 1842 pour le château de Bizy puis officiellement le 1er juillet 1842, accompagné d'un service d'entrée dénommé "fond turquoise, décoration persane" (Arch. Sèvres, Vtt5, f° 55 v° et f° 103). Les assiettes calibrées utilisées pour le dessert se distinguent en effet des assiettes à potage par la présence d'oiseaux et de fleurs, qu'on ne retrouve pas dans le service d'entrée, toujours moins riche à Sèvres.
Il semble livré tardivement, puisqu'on n'en trouve trace seulement dans les registres de ventes le 9 octobre 1846 (avec notamment 200 assiettes plates "pour dressage" et 150 assiettes à potage à 17 frs pièce, mais sans assiette à dessert), où il est précisé "à valoir sur la commande du 12 février 1846" (Arch. Sèvres, Vbb11, f° 107). Il est possible que les assiettes à dessert fabriquées en 1847, n'aient pas eu le temps d'être livrées avant la Révolution qui poussa Louis-Philippe à abdiquer, le 24 février 1848, ce qui expliquerait l'absence de marque de château pour trois d'entre elles. Mais qu'en est-il pour les assiettes à dessert marquées de Bizy et datées de 1842 et 1843? On trouve bien le 17 décembre 1844 une entrée au magasin de vente de 150 assiettes à potage à 17 frs pièce "pour le château de Bizy" (Arch. Sèvres, Vv4, f° 33, 6, toujours sans assiette à dessert), mais elles semblent avoir été livrées au Président de République Dominicaine le général Santana en août 1853, parmi un ensemble qui coûta 4.945 frs.
Il est à noter que ce décor est identique au service livré le 29 avril 1844 "par ordre du Roi à Son Altesse Royale Madame la Princesse Auguste de Saxe-Cobourg", la princesse Clémentine d'Orléans, un an après son mariage le 20 avril 1843 au château de Saint-Cloud. Dénommé "fond turquoise, décoration persane, groupes de fleurs et d'oiseaux", ce service à dessert entra au magasin de vente de Sèvres le 13 février 1844 (Arch. Sèvres, Vv4, f° 18) et était composé notamment de 150 assiettes calibrées, pour un prix total de 7.890 frs (Arch. Sèvres, Vbb 10, f° 33). Nous connaissons une assiette de ce service, datée de 1842, passée sur eBay en 2016, et une série signalée par M. Didier Thiery passée en vente courante à Drouot vers 2015 (non localisée).
À notre connaissance, nos assiettes sont les seules connues provenant du service à dessert du château de Bizy, duquel nous connaissons seulement des assiettes à potage (notamment vendues par notre galerie dans le passé).

Le château de Bizy
Le service de Bizy, payé par les fonds personnels du Roi, est d’apparence le plus épuré de ceux de la table royale, mais le raffinement de sa décoration persane proche du style mauresque (que le service du même nom avait initié dès 1836), et son fond turquoise très profond, en font un service aussi novateur que les autres. Ancienne possession du duc de Penthièvre, héritée de sa mère en 1821, Louis-Philippe fit parallèlement à Bizy de nombreux travaux et y séjourna régulièrement, notamment suite à la construction d’une ligne de chemin de fer en 1843. C'est sa dernière fille Clémentine d'Orléans (1817-1907) qui hérita du domaine suite au leg de son père en 1842 (Olivier Defrance, La Médicis des Cobourg: Clémentine d'Orléans, Les racines de l'histoire, p. 148).