Venus d’ailleurs. Matériaux et objets voyageurs

A travers les matériaux et les objets, la nouvelle exposition de la Petite Galerie se propose de raconter le monde et les peuples, en évoquant les échanges entre des mondes lointains, échanges souvent plus anciens que les explorations du 16ème siècle.

Coupe: Nautile monté Ulrich Ment (1570-après 1634) Augsbourg, 1617-1618 Nautile, argent, argent doré, camées

Des matériaux venus des confins de la terre 
Depuis la plus haute Antiquité, la cornaline, le lapis-lazuli, l’ébène ou encore l’ivoire circulent le long des routes du commerce : ces matériaux sont précieux aussi parce qu’ils viennent de loin. Cette fascination s’enrichit des mythes qui entourent leur origine. Leur usage devient une manifestation de prestige, et le sens des œuvres d’art qui les utilisent s’en trouve enrichi, modifié, amplifié. De la Tête de Gudéa, prince de Lagash à une petite perle en forme de grenouille en lapis lazuli, l’exposition démarre en présentant une grande diversité de ces matériaux. 

La Sculpture en ivoire : tailler la dent de l’éléphant
Parmi les multiples matériaux offerts par la nature à l’Art figurent les dents des animaux de grande taille, dents de l’hippopotame, du sanglier, du narval, du mammouth et de l’éléphant. Dans le cadre du dispositif accessibilité de la Petite Galerie, il est cette année proposé au public de toucher une défense d’éléphant. 

La pêche des perles aux Indes, huile sur lapis-lazuli, Tempesta © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) – Franck Raux

Portrait d’animaux venus de loin
Aux pierres, coquillages et plantes s’ajoutent les animaux vivants qui voyagent entre les continents, souvent au gré de la politique : les foules comme les artistes découvrent autruches, girafes et éléphants qui deviennent alors de véritables sujets d’inspiration. Les objets fabriqués par l’homme suivent les mêmes routes et, au-delà de l’engouement bien connu des Européens pour l’exotisme, l’exposition montre que ces multiples aller-retour tissent une histoire plus complexe. 

Le rhinocéros clara d’après Johann Joachim Kändler (1706-1755) Porcelaine de Meissen (Allemagne). © RMN – Grand Palais (musée du Louvre) – Martine Beck-Coppola

Un objet, une histoire 
Les œuvres d’art prennent vie à travers les matériaux choisis par les artistes mais leur histoire est ensuite soumise aux aléas du voyage, du goût, des transformations… Formes, techniques, thèmes s’entremêlent pour créer des objets nouveaux qui reflètent toute la complexité de notre monde telle qu’elle pouvait être perçue en Europe depuis la fin du Moyen-Âge.

Gujarat (Inde), 1500-1530, monté à Paris (France) en 1532-1533 par Pierre Mangot (actif vers 1528 – mort entre 1551 et 1563) Nacre sur âme de teck, argent émaillé et doré, or, chromo jadéite, grenats, cornaline, agate

C’est donc autant d’histoires différentes que nous offrent les oeuvres, depuis les longs voyages, souvent encore mystérieux, au Moyen-Age jusqu’aux échanges lointains au moment de la globalisation du monde au cours du 16ème siècle. Les expéditions militaires et scientifiques sont encore au 19ème et 20ème siècles d’autres sources d’échanges et de transferts.

Colporteur, Allemagne, vers 1702-1703 Ivoire d’éléphant, diamants, or émaillé, argent doré Département des Objets d’art, collection Marie-Antoinette.

Exposition la Petite Galerie. Musée du Louvre

Jusqu’au 4 juillet 2022

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