le mobilier de la chaumière au coquillages

En 1761, la publication de Julie ou la Nouvelle Héloïse par Jean-Jacques Rousseau, qui prônait alors le retour à la nature, contribua à l’apparition et au développement des jardins pittoresques en France dans le dernier tiers du XVIIIe siècle. Le domaine princier de Rambouillet ne fit pas exception. Dans la lignée du prince de Condé à Chantilly ou de la reine Marie-Antoinette à Trianon, le duc de Penthièvre fit aménager dans le parc de sa résidence, en 1779-1780, un jardin anglais agrémenté de trois fabriques, rustiques et exotiques : un kiosque chinois, un ermitage et une chaumière.

Élevée au cœur d’une île pour le plaisir de la princesse de Lamballe, celle-ci fut entièrement restaurée en 2005 : cet édifice, dans lequel le naturalisme est porté à son paroxysme, renferme notamment un salon dont l’extraordinaire décor aquatique fait toujours écho au somptueux mobilier réalisé par le maître menuisier François II Foliot en 1780 .

Les plus beaux meubles, notamment au XVIIIe siècle, sont pensés pour s’intégrer à un ensemble plus vaste. la chaumière aux coquillages très rustique à l’extérieur, est tapissée à l’intérieur de véritables coquillages. Travail d’orfèvre, ce décor est constitué de milliers de coques, moules, ormeaux, huîtres et coraux, fixés à l’aide d’un mortier, ou d’un clou. Ce type de décor trouve leur source dans les grottes maniéristes du XVIe siècle en Toscane.

Les parois sont courbes, les meubles également, pour en épouser les lignes.  Les huit chaises avaient, comme les quatre canapés, un caractère meublant, elles devaient prendre place sous les pilastres. Les pieds des sièges sont des roseaux traités au naturel ; l’assise est, elle, soulignée d’une frise de coquilles rappelant celles des murs.

Chaumière aux coquillages – Photo : © Colombe Clier / Centre des monuments nationaux

Les véritables sièges où il était possible de s’asseoir étaient  » 6 chaises de canne peintes en blanc ». On sait que celles-ci étaient couvertes d’un « gros de tours vert brodé en mosaïque et étoiles d’argent, orné de franges de perles et jais. Les dossiers n’étaient pas comme ils apparaissent, les traverses gardent trace de perforations ayant servi à fixer un décor.

Pour la princesse de Lamballe par François Folliot (vers 1720-1761) Hêtre et noyer polychromes, lampas de soie. Mobilier national.

Rambouillet est vendu en 1783 à Louis XVI, les meubles de la chaumière sont achetés avec le domaine, puis vendus à la Révolution. Ils sont rachetés en 1941, sauf l’écran, qui le sera en 1995.

La chaumière n’est pas chauffée durant l’hiver et pour des raisons de conservation, son mobilier est déplacé au château jusqu’au printemps.

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