La Cité de la dentelle et de la mode

Située à Calais au cœur d’une authentique usine de dentelle du XIXe siècle, la Cité de la dentelle et de la mode est le musée de référence de la dentelle tissée sur métiers mécaniques.

La Cité de la dentelle et de la mode

A la fois musée de mode et musée industriel, ses vastes galeries présentent les techniques, la lingerie et la haute couture, les aspects les plus contemporains de ce textile haut de gamme. Le point d’orgue de la visite est la mise en fonctionnement des métiers à tisser la dentelle, monumentales machines de fonte qui produisent cette étoffe d’exception.

Inventée dans l’Angleterre du XIXe siècle, la dentelle tissée sur métiers Leavers est aujourd’hui principalement fabriquée dans le nord de la France. Sophistiquée et innovante, elle contribue au renouvellement créatif de la mode et du luxe en lingerie, dans l’habillement et dans des domaines multiples.

La Cité de la dentelle est un lieu de mode incontournable. Dans sa galerie des expositions, elle présente de grands couturiers ou de jeunes créateurs de renom (Cristóbal Balenciaga, Anne-Valérie Hash, Iris Van Herpen, on aura tout vu). Quant à la galerie d’actualité, elle est dédiée à la scène foisonnante de la création contemporaine en textile et mode. 

L’usine Boulart

L’USINE BOULART

De l’usine Boulart à la Cité de la dentelle

La Cité de la dentelle et de la mode est installée dans une des dernières usines collectives de dentelle typique de la fin du XIXe siècle à Calais, au cœur du quartier Saint-Pierre, quartier entièrement voué à l’activité dentellière.

Dans les années 1870, deux investisseurs, les frères Boulart, font édifier en deux phases un bâtiment en U sur quatre niveaux. Ils louent l’usine à différents fabricants auxquels sont fournis par un bail la force motrice (la vapeur), l’éclairage et le chauffage.

Ce type de grande fabrique collective s’est construit des années 1840 jusqu’au début du XXe siècle et correspond au besoin de mutualiser les dépenses d’énergie, en particulier l’investissement dans une machine à vapeur, qu’un fabricant seul ne peut rentabiliser. Chaque dentellier occupe plusieurs niveaux correspondant aux étapes de préparation, production et finition. Les métiers sont situés au premier et au deuxième étage.

En 1902, on compte jusqu’à 80 métiers à dentelle dans l’usine. Le bois des cloisons et des planchers, ainsi que la fonte des colonnes soutenant les différents niveaux absorbent les vibrations des métiers pesant plusieurs tonnes chacun. Les murs des bâtiments, en briques jaunes et rouges, ont été construits avec une légère inclinaison vers l’extérieur, afin de faire contrepoids à la charge considérable des machines installées dans les étages.

  • La cour intérieure révèle le fonctionnement de l’usine. Les deux tourelles renfermaient chacune un escalier desservant les différents niveaux d’ateliers.
  • Les coursives de fer à claire-voie permettaient aux employés de se rendre à leur atelier sans passer par ceux des concurrents voisins. Disparues aujourd’hui de la cour, l’ancienne chaufferie et sa haute cheminée sont évoquées par un marquage au sol. Une machine à vapeur transmettait la force motrice aux métiers par des systèmes de courroies et d’arbres à came dans l’usine. Par la suite, la manufacture se convertit à l’électricité.
  • Les grandes baies vitrées traduisent l’importance de la lumière pour le travail. Les lanterneaux (en anglais bow-windows ou « boîtes vitrées »), réinterprétés en métal et verre, rendent compte de l’évolution des métiers qui, toujours plus longs pour des gains de productivité, ont nécessité l’agrandissement des ateliers.

Ce site industriel, en activité jusqu’en 2000, est un des derniers témoins des usines « collectives » de Calais. 

Entre 1988 et 1998, la ville de Calais acquiert l’usine Boulart afin de créer un lieu célébrant le savoir-faire des dentelliers, l’histoire économique et sociale locale, ainsi que les usages de la dentelle dans la mode et la création contemporaine.

A l’issue d’un concours, le cabinet d’architectes Moatti & Rivière est retenu et l’atelier Pascal Payeur se voit confier la charge de la muséographie et de la scénographie.
Les travaux de réhabilitation et d’extension ont duré trois années (2006-2009) pour aboutir à une inauguration en  juin 2009.
Ce grand projet, soutenu par les pouvoirs publics (Europe, Etat), les collectivités territoriales (Région Nord-Pas de Calais / Département du Pas de Calais / Calais) et le monde dentellier a également bénéficié de l’expertise universitaire (conseil scientifique).

LES ORIGINES DE LA DENTELLE À CALAIS

Au début du XIXe siècle, quelques mécaniciens, ingénieurs et fabricants de tulle originaires de la région de Nottingham émigrent sur le continent pour fuir une période de trouble économique et social et tenter de faire fortune. Certains s’implantent à Calais, important en fraude métiers à tisser et coton filé. Grâce aux évolutions technologiques – l’adaptation du système Jacquard au métier à tulle et la machine vapeur -, Calais et son modeste faubourg Saint-Pierre vont se transformer en moins d’un siècle en capitale de la dentelle mécanique Leavers.

La dentelle de Calais trouve ses origines en Angleterre. A la fin du XVIIIe siècle, ce pays connait un essor économique extraordinaire, vivant au rythme des inventions technologiques. Dans le domaine textile, la région de Nottingham devient un grand centre de production de tulle mécanique grâce notamment à Lindley, Heathcoat et Leavers qui développent la technologie du métier à tisser le tulle.

Ainsi, au début du XIXe siècle, les Anglais sont les seuls capables de réaliser un tulle en coton à maille hexagonale régulière. Très à la mode en France, ce tissu léger ne peut cependant pas y être commercialisé, sauf par la contrebande ! Les guerres franco-britanniques et surtout les années de blocus et de prohibition vont affaiblir l’industrie anglaise. Le manque de débouchés et le trop grand nombre de fabricants de tulle provoquent déjà une crise de surproduction dès 1813 ; des ouvriers s’organisent en bande pour casser les métiers qu’ils jugent responsables de leur chômage : c’est la « révolte des Luddites ». 

Face à cette période de trouble économique et social et au protectionnisme du marché français (loi d’avril 1816), certains fabricants de tulle décident de migrer vers le continent. En quittant l’Angleterre, ils échappent par la même occasion aux redevances d’exploitation des brevets anglais. La délocalisation clandestine de leur outil de production s’effectue essentiellement en direction de Douai, Lille, Saint Quentin et Rouen, villes à forte tradition textile. Mais, la proximité géographique du Calaisis avec l’Angleterre attire aussi les Anglais.

Dès 1816, ils installent des petites unités de production de tulle dans Calais intra-muros. Rapidement, le manque de place et les nuisances sonores du travail nocturne contraignent les fabricants à développer leur activité dans le faubourg maraîcher de Saint-Pierre-lès-Calais. L’adaptation du système Jacquard au métier à tulle et l’arrivée de la machine à vapeur dans les années 1835/40 font passer la production à l’ère dentellière industrielle. En moins d’un demi siècle, Saint-Pierre devient une ville cosmopolite prospère et dépasse en nombre d’habitants Calais, au point que les deux villes fusionnent officiellement en 1885.

En savoir plus:

Cité de la dentelle et de la mode

135 Quai du Commerce, 62100 Calais

https://www.cite-dentelle.fr/

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