Cirque et saltimbanques : Aux arts et au cirque

Pour la 9e édition du Temps des Collections, intitulée « Cirque et saltimbanques », le musée des Beaux-Arts de Rouen accueille un fonds exceptionnel, la collection J.Y. et G. Borg, une des plus importantes collections privées sur le thème du cirque ainsi que de prestigieux prêts de grandes institutions.

Peintures, dessins, affiches, objets d’art, costumes, jouets, sculptures ou photographies y retracent l’histoire du cirque et ses liens intimes avec le monde de l’art et les artistes. Spectacle culturel, le cirque inspire depuis son origine peintres, plasticiens et photographes. Couleurs et formes évoluent avec le temps, mais les œuvres reflètent toujours les émotions de l’artiste devant ce spectacle humain, dont la richesse féconde stimule l’imaginaire.

Peintures, dessins, affiches, objets d’art, costumes, jouets, sculptures ou photographies y retracent l’Histoire du cirque et ses liens intimes avec le monde de l’art et les artistes. Spectacle culturel, le Cirque inspire depuis son origine peintres, plasticiens et photographes. Couleurs et formes évoluent avec le temps, mais les œuvres reflètent toujours les émotions de l’artiste devant ce spectacle humain, dont la richesse féconde stimule l’imaginaire.

Le cirque est pour une large part issu de la tradition des bateleurs et des saltimbanques : un monde en marge, nomade, lié aux foires et à la rue. Baladins, jongleurs, acrobates, contorsionnistes ou montreurs d’animaux forment des groupes structurés par la maîtrise d’aptitudes très particulières, codifiées au fil des siècles.

En complément à l’exposition, deux cabinets du musée des Beaux-Arts présentent dans le parcours des collections des sélections d’œuvres empruntées à des ensembles de la collection Borg.

PARADE, AFFICHES ET RÉCLAMES : LE CIRQUE ARRIVE EN VILLE !

Le cirque, univers enchanté dont les lois défient les règles du monde environnant, a toujours assuré sa promotion par des moyens spectaculaires, dans une surenchère de couleurs, de bruits et de mouvement. Dans cette publicité tapageuse réside une part de sa magie. Il s’annonce dans la ville par des parades en fanfare et des défilés d’acrobates, de clowns et d’animaux.

À partir des années 1880 (avec Jules Chéret en France, Strobridge aux États-Unis et Friedländer en Allemagne), l’affiche lithographique diffuse partout en grand format et dans des tons toujours éclatants sa promesse de dépaysement, de frisson et de fantaisie.

De la rencontre du cirque et des plasticiens naîtra une esthétique joyeuse et bigarrée, faite d’extravagance et d’outrances assumées, qui façonne aujourd’hui encore l’imaginaire du cirque. Après l’époque des bateleurs et des roulottes installées en « palc » (sur la place du village), le cirque s’installe et se déploie dans l’espace urbain dans une débauche de moyens : le transport du chapiteau et du matériel, mais aussi des artistes et des animaux est une affaire complexe, gigantesque parfois, menée par les grands directeurs. Ces installations chamarrées constituent une véritable ville dans la ville, dont le spectacle a aiguisé la curiosité des artistes.

BATELEURS ET SALTIMBANQUES

Le cirque est pour une large part issu de la tradition des bateleurs et des saltimbanques : un monde en marge, nomade, lié aux foires et à la rue. Baladins, jongleurs, acrobates, contorsionnistes ou montreurs d’animaux forment des groupes structurés par la maîtrise d’aptitudes très particulières, codifiées au fil des siècles. Parce que tous sont soumis aux dures lois de la rue et aux contraintes de l’itinérance, ils se sont agrégés en communautés, vivant en marge du corps social et obéissant à des règles distinctes.

Cet univers a captivé les artistes dès l’époque romantique : ils y ont vu comme un reflet de leur propre condition, faite d’indépendance, de prestige éphémère, mais aussi de solidarité ; ils y ont projeté aussi leur propre idéal de liberté. Autant qu’aux lumières de la piste, ils s’attacheront aux coulisses, à la troublante ambiguïté de cette société d’êtres fragiles qui portent les rêves d’évasion de la société toute entière.

LA GRANDE TRADITION DU CIRQUE ÉQUESTRE

Historiquement, le cirque a d’abord et surtout été un spectacle équestre. La forme circulaire et les dimensions de la piste en témoignent. Du cirque des origines, inventé en 1768 en Angleterre par l’ancien officier de cavalerie Philip Astley, aux cirques Franconi, Renz ou Molier qui incarnent l’excellence équestre au XIXe siècle, les démonstrations de voltige à cheval sont l’attraction principale que le public vient admirer.

Dès les années 1830, les artistes sont fascinés par ces scènes nouvelles, prétexte à des études animalières, voire à des académies – pensons aux corps triomphants de numéros prodigieux comme celui de La poste – ou bien traitées comme des tableaux d’histoire de l’ère moderne. Cette section de l’exposition insistera tout particulièrement sur la figure des écuyères, dont l’art nouvellement inventé subjugue les peintres dans un climat volontiers érotisé.

ARCHITECTURES : CIRQUE « EN DUR » ET CHAPITEAUX

Si aujourd’hui le cirque évoque le chapiteau, au XIXe siècle ce spectacle s’est souvent déroulé dans des lieux fixes. Ces architectures closes, d’abord couvertes de simples toiles, ont ensuite été construites en dur : on parle alors de « cirques stables ». Leur forme, initialement calquée sur celle des théâtres, s’individualise à partir du cirque des Champs-Elysées (1841). Sa structure polygonale – autour d’une piste circulaire de 13,50 mètres – inventée par Hittorff et commandée par Dejean fera école. Mais les hippodromes parisiens comme celui du boulevard Clichy adoptent une architecture plus importante et ovale.

À la fin du XIXe siècle disparaît « le chapiteau parapluie », remplacé par des chapiteaux à plusieurs mâts, surtout après le passage en 1902 de l’imposant cirque Barnum & Bailey. Cette partie de l’exposition présentera aux côtés de plans d’architecture et de vues urbaines quelques rares décors sauvegardés de cirque.

ACROBATES, TRAPÉZISTES ET LUTTEURS : LA PUISSANCE DU CORPS

Les numéros d’acrobates et les exercices de gymnastes ont toujours compté parmi les spectacles donnés par les saltimbanques. À partir de 1850, ils connaissent un tel succès que le visage du cirque en est changé.

À l’origine essentiellement équestre, le spectacle devient un art multiple, exaltant aussi la puissance des corps au sol, sur le fil ou le trapèze. Sauts dans le vide, contorsions, pyramides et autres manipulations virtuoses d’objets constituent autant de facettes de l’acrobatie, discipline reine. Les artistes voient alors dans le spectacle de cirque un formidable terrain de chasse pour de modernes académies, incarnées notamment par les numéros de grandes stars, comme Jules Léotard (1838-1870), qui vont créer des figures inédites.

DOMPTEURS, FAUVES ET ÉLÉPHANTS…

Aujourd’hui interrogée à juste titre au nom du respect dû à l’animal, la présence d’une faune variée fait partie de l’histoire du cirque. Prolongeant la tradition médiévale des montreurs d’animaux, la ménagerie itinérante s’admire et se visite. Avec ses numéros de fauves, d’éléphants, de kangourous ou de singes boxeurs, la piste met en scène la variété du règne animal et l’étrangeté des bêtes exotiques. Elle propose aussi une image singulière de la relation de l’homme et de l’animal, faite d’autorité et de contrainte, mais aussi de complicité, de tendresse et d’humour.

MODERNITÉS DU CIRQUE

Par son esthétique, faite de couleurs, de vitesse, de contrastes, de sensations, le monde du cirque constitue un condensé de modernité. Avides de spectacles, les artistes de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle, peintres ou écrivains, choisissent le cirque comme lieu d’inspiration. Les saltimbanques, particulièrement le clown, incarnent alors un alter ego de l’artiste. Les cirques Fernando, puis Medrano, deviennent de véritables foyers pour les avant-gardes. Une amitié lie alors les Fratellini à Joseph Faverot, Fernand Léger ou Jean Cocteau.

Musée des Beaux-Arts de Rouen :
Esp. Marcel Duchamp, 76000 Rouen

Exposition jusqu’au 17 avril 2022.

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