La chapelle des Scrovegni

La chapelle des Scrovegni est un édifice religieux déconsacré, faisant partie d’un palais construit au XIVème siècle à l’emplacement de l’ancienne arène romaine de Padoue en Italie. De style gothique, la chapelle abrite le cycle de fresques de Giotto. Ce chef-d’œuvre de la peinture aux couleurs intenses a été commandé à l’artiste en 1303 par un riche mécène, Enrico Scrovegni, banquier et homme d’affaires padouan, fils d’un célèbre usurier de Padoue, que Dante avait précipité en Enfer, au chant 17 de la première partie de la Divine Comédie.

La chapelle des Scrovegni

Les fresques

La chapelle Scrovegni est une chapelle à nef unique entièrement tapissée de peintures dont les couleurs sont en remarquable état de conservation. Les dimensions modestes de l’espace permettent aux spectateurs d’avoir un contact assez intime avec les peintures. Giotto a rempli un programme complexe couvrant le Nouveau Testament et deux sources apocryphes.

Les scènes se déroulent sur les deux parois latérales, presque symétriques (Giotto a dû procéder à un léger décalage pour s’ajuster avec les fenêtres) de la chapelle et sont découpées en tableaux par des cadres en trompe-l’œil. Cette composition suit une logique chronologique, de la vie d’Anne et de Joachim, les parents de la Vierge Marie à celle du Christ, dans le sens horizontal et de haut en bas, dans une séquence narrative.

La chapelle des Scrovegni

C’est une simple nef à voûte cintrée, terminée par un grand arc ouvrant sur l’abside. La paroi de droite est percée de six fenêtres, et une triple baie ogivale s’ouvre sur le mur de façade ; toute une large surface s’offre librement aux inventions de la fresque.

La chapelle des Scrovegni

Les scènes sur les murs sont ainsi arrangées en quatre rangées et sont entourées par une structure qui semble former la partie de l’architecture de la chapelle. Les scènes sont séparées verticalement par de larges bandes de marbre qui sont richement décorées. Giotto, se conformant aux antiques usages, divisa les murs de la nef en larges quadrilatères étagés sur trois rangs, où il peignit les histoires de la Vierge et du Christ. Il enveloppa ses compositions de bordures à feuillages variés, d’où se détachent symétriquement des médaillons avec des bustes de personnages évangéliques.

La chapelle des Scrovegni

L’église étant plus petite qu’à Assise, Giotto a dû diviser la surface en panneaux plus petits. Les personnages de la fresque sont peints presque en grandeur nature ce qui donne une grande unité à la fresque et une grande proximité avec les personnages. Comparés aux fresques d’Assise, la couleur et les volumes sont devenus plus doux. Les gestes des figures maintiennent un équilibre entre la « gravitas » de l’Antiquité et le côté gracieux de l’art gothique.

La chapelle des Scrovegni

Giotto a divisé les murs en tableaux rectangulaires, séparant ces derniers par des faux cadres. On retrouve dans cette structure tout un langage de formes et de matières. Faux marbres polychromes, entrelacs gothiques, dallages, têtes de prophètes dans des fenêtres polylobées, l’illusion visuelle est complète. Pas un seul centimètre carré n’est laissé en réserve.

La chapelle des Scrovegni

Au-dessous, sur un soubassement feint, coupé de pilastres, Giotto a dessiné une bande en imitation de marbre dans laquelle s’insèrent quatorze figures allégoriques — sept de chaque côté — de Vertus et de Vices, peintes en camaïeu. Au sommet de l’arc triomphal — qui ouvre sur le chœur — trône le Sauveur adoré par les anges ; sur la paroi d’entrée se déploie le Jugement dernier.

La voûte à fond d’azur semé d’étoiles d’or est divisée en deux champs, d’où ressortent dix médaillons circulaires représentant, d’un côté la demi-figure du Christ bénissant, de l’autre celle de la Vierge tenant son fils, parmi des bustes de prophètes. La série des scènes évangéliques commence à droite de l’arc triomphal, se continue sur la paroi qui fait face, recommence et se continue de même par deux fois, pour se terminer à gauche du chœur.

La chapelle des Scrovegni

L’influence de Dante serait décelable dans la vaste composition du Jugement dernier et mieux encore dans les figures allégoriques en camaïeu, qui simulent à la base des fresques évangéliques deux rangées de bas-reliefs. Ces quatorze figures de Vertus et de Vices qui se font face, les Vertus à droite et les Vices à gauche, comptent parmi les créations les plus parfaites du génie de Giotto.

On pourrait leur chercher quelques modèles, soit parmi les miniatures antiques (illustrations de la Psychomachia de Prudence), soit parmi les sculptures du Moyen Âge (statues et bas-reliefs de Nicolas et de Jean de Pise) ; mais il y a un abîme entre l’œuvre du maître et celles de ses devanciers. La simplicité, la dignité de ces figures aux draperies flottantes révèlent en leur auteur non seulement un esprit subtil, habitué aux spéculations morales et philosophiques, mais un œil de peintre et de sculpteur, instruit par la contemplation des chefs-d’œuvre de l’art antique.

Giotto met au point une formule d’Annonciation d’encadrement peinte sur l’arc d’entrée d’une chapelle et où la forme architecturale réelle, l’arc brisé, est utilisée pour la disposition significative des personnages. La formule est reprise, en termes modernes, par Masaccio dans la basilique Saint-Clément de Rome avant de l’être par le lombard Vincenzo Foppa selon une variation encore différente, sur l’arc d’entrée plein cintre de la chapelle Portinari dans l’église San Eustorgio de Milan.

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