Plaque d'Offrandes Chimu Chucu Pérou 1200 à 1400 Après Jc

Plaque d'offrande rectangulaire à la forme incurvée, à décor zoomorphe et anthropomorphe.
On distingue un animal, une  partie d'un chamane et autres symboles.
polychromie, rouge, bleu et ocre, reflets brillants.
largeur:  23,5   hauteur: 13,5 cm
Chucu, Pérou intermédiaire récent 1200 à 1400 ap JC
Provenance: Ancienne collection Mr Berjonneau
Vendue avec certificat de l'Expert Serge Reynes.

"Les premières tablettes peintes rentrèrent dans les collections privées et publiques de curiosités et d’objets exotiques, à la fin du
XIXème ou au début du XXème siècle. Celles-ci furent découvertes par hasard par des paysans travaillant sur leur terre.
Afin d’améliorer leur quotidien, ces cultivateurs souvent très pauvres, les vendirent sur les marchés locaux et aux étrangers de passage.
C’est ainsi que les premiers marchands d’art et explorateurs, comme Bauban, au XIXème siècle, et plus tard Charles Ratton, Lecorneur,
Kamer et de nombreux autres, proposèrent à un petit cercle d’initiés, dont faisait également partie les conservateurs de Musée, de les
acquérir à des prix très raisonnables pour l’époque. C’est probablement ainsi que ces tablettes se retrouvèrent dans la collection GuillotMunoz, à l’abri des regards profanes.
Ce n’est qu’en 1986 que les premières expéditions archéologiques organisées par le musée national
d’anthropologie et d’archéologie, conduite par Frederico Kauffmann Doig, mirent à jours des chambres souterraines aménagées et conservant des plaques peintes en terre cuite et en pierre.
Les premières études du matériel collecté et du contexte de ces offrandes permettent à cet archéologue d’affirmer sans nul doute qu’il ne s’agit pas d’offrandes funéraires ou de fragments d’objets fracturés. Mais bien des œuvres réalisées pour les prêtres et les shamans entre 1200 et 1400 après  Jésus-Christ et destinées à être offertes aux Dieux et en particulier à la Déesse Terre Mère « Pacha Mama ». Ils pensent aussi que ces offrandes sont réalisées comme des ex-voto visant à remercier les Dieux pour les bienfaits apportés.
Elles traduisent ainsi à travers leurs couleurs et leurs idéogrammes une écriture symbolique à la portée magico-religieuse indéniable. Les couleurs utilisées sont le blanc, le rouge, le jaune, le vert, le bleu et bien d’autres dont la palette comporte des tonalités impressionnantes. Ces colorants sont réalisés avec des minéraux, des plantes et des coquillages broyés dont le savoir remontrait à des temps anciens. Elles sont appliquées sur le support  au pochoir, car aucune trace d’instrument quelconque n’est decelée en surface. La peinture est appliquée humide puis séchée au soleil. Enfin, une fois l’œuvre réalisée par l’artiste, elle est consacrée par le shaman au cours d’un rituel magique dont les traces se sont perdues dans le  temps.
Nous avons ici une collection tout à fait exceptionnelle qui exprime la pensée religieuse de l’Amérique précolombienne, associée à une création artistique d’un très grand modernisme et d’une portée symbolique indéniable"