A la fois extravagante et poétique, notre composition est une synthèse de l’art maniériste en Flandres à la fin du XVIe siècle. Afin de frapper le regard, les corps sont exagérément étirés, les poses maniérées sont multipliées et les coloris acidulés largement appliqués. Et comme pour signifier la science des protagonistes, certains d’entre eux portent des coiffes ou des bonnets phrygiens sur lesquels des lettres grecques et latines sont inscrites.
La scène décrit le célèbre épisode de l’Evangile selon Jean (chapitre 8, verset 1 à 11) qui donnera naissance à l’expression consacrée « qu’on lui jette la première pierre ». Ce passage évangélique peut être résumé ainsi : Alors que Jésus se trouvait au Temple, les scribes et les pharisiens lui amènent une femme surprise en situation d’adultère. Selon la Loi, elle devrait être condamnée à la lapidation. Mais Jésus, interrogé par ces hommes, se baisse pour écrire quelque chose au sol et leur dit : « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre. » A l’écoute de ces mots, tous se retirèrent. En dénonçant ainsi l'hypocrisie de ses contradicteurs, Jésus empêche l’exécution de la femme. Mais qu’a-t-il donc écrit sur le sol du temple ? Nul ne le sait, seules des hypothèses sont formulées et certains biblistes suggèrent que, citant le prophète Osée, il aurait inscrit ces mots : « Je ne ferai pas le compte des prostitutions de vos filles, des adultères de vos belles-filles, puisque vous-même (les prêtres) vous en allez à l’écart avec les prostituées… »
Enfin, le mouvement du Christ est déterminant : en se tournant vers le sol et en écrivant, il ne porte pas un regard accusateur sur cette femme. Au contraire, son regard détourné est salvateur, coupant court à l’hystérie et au faux-procès.
Dimensions : 72 x 105 cm – 89,5 x 122 cm avec le cadre
Vendu avec facture et certificat d’expertise
Biographie :
Le Maître du Fils prodigue est un peintre flamand actif à Anvers dans le second tiers du XVIe siècle. Ce nom de convention lui a été donné en référence à une peinture importante conservée au Kunst Historisches Museum de Vienne : « le Fils prodigue chez les courtisanes ». Comme tout anonyme, on ignore tout de sa vie, mais ses œuvres, par leur manière particulière, ont pu être réunies par les historiens autour de ce parangon. Nombre d’entre elles sont conservées dans les musées : Satan semant l'ivraie au KMSK d'Anvers, Pietà à la National Gallery de Londres, le Christ et les pèlerins d'Emmaüs au musée national de Varsovie ou encore les Œuvres de miséricorde au musée de Valenciennes.