Mignon regrettant sa patrie
Mignon aspirant au ciel
Deux huiles sur toile dans un même encadrement
44 x 22 cm chaque
Mignon est un personnage de Wilhelm Meisters Lehrjahre, de Goethe (1749-1832) écrit en 1795-1796. Madame de Staël avait proposé cette œuvre littéraire à l’attention du public français dès 1810, comme elle l’avait fait pour Lenore de Bürger et Faust de Goethe.
Mignon est une jeune fille italienne âgée de douze à treize ans, qui arrive en Allemagne en compagnie d’un groupe d’autres voyageurs. Pour son bien-aimé, elle chante l’air célèbre : « Connais-tu le pays où fleurit le citronnier ? », qui est une invitation à aller vivre en Italie, son pays natal.
Scheffer ne s’est pas éloigné du texte de Goethe. Mignon est jeune, bien faite, elle a les cheveux longs et bruns, légèrement bouclés. Elle va pieds nus parce que Goethe l’a dépeinte comme un être proche de la nature.
La fille de l’artiste, Cornelia (né en 1830), posa pour le personnage de Mignon.
Mignon regrettant sa patrie est d’une grande simplicité : un vaste paysage aride, une végétation rare, un ciel bleu sans nuages, un vol d’oiseaux migrateurs, allusion discrète au désir de Mignon de partir dans un autre pays. Scheffer a exposé sa version définitive au Salon de 1836.
Une version du tableau est au musée de Dordrecht
La version présentée ici est légèrement différente de la version de 1836, les oiseaux migrateurs n’étant pas présents.
Trois ans après Mignon regrettant sa patrie, Scheffer peignit son pendant Mignon aspirant au ciel.
Mignon a le sentiment de sa mort prochaine. Habillée de blanc, elle se rend dans le jardin et lève les yeux au ciel avec ferveur.
Les deux tableaux Mignon furent exposés ensemble au Salon de 1839. Comme souvent les réactions dans la presse furent assez divergentes. Barbier critiqua le sujet qu’il trouvait trop vague pour une peinture, tandis que les reproches d’Amans, Janin et Mérimée portaient sur l’anatomie. Mais les louanges abondaient aussi et, d’après le très populaire Musée des Familles, Marguerite et Mignon, les « poétiques et célestes figures » de Scheffer avaient même recueilli « un immense succès. »
Dès avant le Salon, les deux Mignon furent acquis par le duc d’Orléans, qui devait les designer dans son testament comme ses tableaux les plus aimés.
Quelques années plus tard, ce succès trouva encore un écho dans les gravures qu’Aristide Louis exposa au Salon de 1844 et qui devaient constituer un des plus grands succès commerciaux de l’époque.
Source : Ary Scheffer par Léo Ewals, Éditions Paris Musées 1996