Jean Antoine Bruns - secrétaire Princier en acajou - livré pour Chantilly en 1816

Ce meuble est visible à Paris.
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Jean-Antoine Bruns pour le garde-meuble des Condé
Secrétaire en armoire, en acajou
Portant multiples marques du Garde-Meuble et l’inventaire au fer chaud de 1845
Dimensions au marbre : H. 142,5 L. 97,5 P. 42 (cm.)
Paris, 1816

Bien que d’un modèle fort simple, ce secrétaire est un exemple parfait du savoir-faire soigné des artisans parisiens. Il s’agit en effet d’un meuble au bâti de chêne irréprochable. Par ailleurs, l’acajou en placage est choisi avec goût. Ce secrétaire repose sur des pieds cubiques à moulures. Il ouvre à deux vantaux et un abattant et possède un très léger décor de pilastres. Enfin, il est coiffé d’un marbre de granit belge.

Les productions des Condé et leur traçabilité
Ce secrétaire correspond à un besoin bien spécifique d'ameublement au château de Chantilly. Il s’agit en effet de remeubler une demeure dans laquelle tout manque suite aux pillages révolutionnaires.
Ainsi, est commandé à l’ébéniste ce secrétaire pour la chambre du comte de Rully, en 1816. Son rang de 1er gentilhomme du duc de Bourbon, tout comme sa carrière militaire explique la qualité et la sobriété de la commande. Il était à l’origine en pendant avec une commode. Ce meuble est dans un second temps affecté à une demeure de la couronne princière, située à Saint-Firmin, dont les inventaires de 1845 font état. Cette résidence servait à M. Delafontaine sous inspecteur des forêts. Ce meuble ainsi que d’autres objets lui sont donnés en gratification au moment de son départ en retraite, en 1851.
Les marques présentes livrent de précieuses informations : 
-le cachet bleu est à couronne des fils de France
-le monogramme sous couronne au fer chaud est celui de l’inventaire de 1845
-le monogramme sous couronne au pochoir est datable autour de 1830
-la numérotation 12 enfin donne une information cruciale : Chantilly comportait 17 secrétaires hétérogènes en acajou en 1845. Celui-ci est le douzième inventorié : sa description correspond avec celle de sa livraison en 1816 et nous informe par ailleurs qu’il possède toujours son marbre d’origine.

Le comte de Rully et sa femme, la princesse Adélaïde de Bourbon
Rully, Patrice-Gabriel Bernard de Mon-Tessus, Comte de), député en 1789, et pair de France, né à Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire) le 10 août 1761, mort à Paris le 25 février 1831, entra fort jeune dans les armées du roi; il était colonel du régiment du Maine au moment de la Révolution. Elu, le 5 avril 1789, député suppléant de la noblesse aux Etats-Généraux par le bailliage de Chalon-sur-Saône, il fut admis à siéger, le 10 novembre 1789, en remplacement de M. Bernard de Sassenay, démissionnaire. Il s'y fit peu remarquer et écrivit une lettre à l'Assemblée pour défendre la mémoire de son frère, tué en Corse dans une émeute. M. de Rully émigra en 1791, servit à l'armée de Condé, et fit, jusqu'en 1796, campagne contre la République. Nommé maréchal de camp en 1803 par le comte de Provence, et confirmé dans ce grade, le 12 septembre 1814, après le retour des Bourbons, il fut promu lieutenant-général le 1er juillet 1815, et appelé à la Chambre des pairs le 17 août suivant. Il vota pour la mort dans le procès du maréchal Ney, et quitta la Chambre haute à la révolution de 1830, pour ne pas prêter serment. Il avait été aide-de-camp et premier gentilhomme du duc de Bourbon.
Il est marié à Adélaïde de Bourbon, fille légitimée du Prince de Condé père et de Marguerite Michelot, cantatrice. Ils se marient lors de leur exil, à Londres, en 1803.

Jean-Antoine Bruns : reçu maître en 1782, il est sous-traitant de Riesener et fourni ainsi la Couronne Royale. Son talent et la qualité de ses oeuvres lui permettent une situation stable tout au long de la Révolution et de l'Empire. Il réalise des commandes pour les Bourbon à leur retour d'exil et devient même fournisseur breuveté de Louis XVIII en 1824.

Provenance : 
Livré pour la chambre du Comte de Rully, premier gentilhomme du Duc de Bourbon, au rez-de-chaussée du château de Chantilly, en 1816, puis maison princière à Saint-Firmin et enfin, famille Delafontaine par descendance.

Rapport de condition :
Meuble en excellent état d’ébénisterie, avec un beau verni au tampon. Marbre d’origine. Superbe maroquin doré au petit fer.

Références :
Inventaires conservés à Chantilly, cotes ZR et 4PA.

Mes sincères remerciements à l’équipe de la bibliothèque du chateau de Chantilly pour leur chaleureux accueil.