"Coupe Aux Pins En Bronze Doré Par Marionnet "
Albert, Emile MARIONNET (Paris, 1870-Paris, après 1932)- Bel et ample plateau-présentoir de forme ovalisée exécuté en bronze doré savamment ciselé en haut ou fin relief de cônes, branchages feuillus, ramilles et aiguilles de pin. Traité avec vigueur et naturalisme, ce motif ornemental emprunté au monde végétal somme, sertit de ses ondoyantes lignes sinueuses les bords relevés du réceptacle aux prises latérales asymétriques évidées , se déploie en touffues arborescences sur ses pans internes dont il anime délicatement le fond à dessein laissé lisse et mat. Créé en 1912, ce plateau dit "Au Pin" fut présenté et exposé la même année lors de la XXe Exposition du Palais des Beaux-Arts de Monte-Carlo. Par son thème, il s'affilie à la "Sonnette d'appartement" à motif de pomme de Pin réalisée par ce talentueux Artiste-ciseleur représentatif dans les arts décoratifs de l'Art Nouveau français également datée de 1912 et, de nos jours, conservée à Paris, au Musée d'Orsay (Inv. 0A0 1505-Donation de la Galerie d'art Antonin Rispal). Signé en creux, au bas, à gauche en lettres majuscules: " A.MARIONNET."Caractéristique de l'esthétique Art Nouveau de l'époque, cette pièce artistique concilie avec bonheur formes simples d'une grande plasticité, décor empreint d'un naturalisme empli de verve et destination domestique. Signée d'Albert, Ernest Marionnet (Paris, 1870- Paris, 193), la coupe-plateau ici présentée illustre de surcroît le travail scrupuleux de ce "talentueux Artiste-Ciseleur" dont la virtuosité technique ajustée à des modèles originaux établirent en son siècle la réputation.
Au vu de cet objet de belle qualité, on en soulignera le modelé solide, le profil galbé rythmé de motifs aux reliefs rebondis (cônes de Pin, feuillage) ou d'une douceur toute picturale (aiguilles) pensés en harmonie avec les lignes ondoyantes engendrées par l'imbrication des branchages, ramifications et arborescences végétales de l'arbuste méditerranéen (Pinus pinea). Ces éléments naturalistes, subtilement répartis,libérent le champ central de la coupe afin d'en marquer la fonction ( réceptacle à cartes de visites,..) et plus, d'exhaler l'éclat du matériau-le bronze doré- dont l'artiste a su exploiter les possibilités de rendus.
Symbole de la fertilité associé dans le monde Antique aux festivités bachiques (Thyrse de Bacchus), la Pomme de Pin, motif ornemental séculaire prédominant du Style Louis XVI suscita lors de la période Art Nouveau un regain d'intêret: intégré à son répertoire ornemental ( Eugène Grasset, La plante et ses applications Ornementales, 1896-1901), elle devient un des liemotivs de prédilection des arts décoratifs (vase d'Emile Gallé, 1904; pièces mobilières; céramiques architecturales). Dans cette coupe-présentoir, A-E. Marionnet en livre une version savoureuse adaptée tant à l'univers ludique qu'aux besoins de la clientèle aisée fréquentant annuellement l'Exposition du Palais des Beaux-Arts de Monte-Carlo où elle fut pour la première fois présentée aux côtés d'autres créations de l'artiste (coupes en bronze doré aux "Mimosas", aux "Chardons"et "Noisettes"). Nous laisserons le mot de la fin à Jules Méry, rapporteur de cette manifestation "sélective,très significative, de haute valeur" où "les visiteurs, dans le tourbillon en fête de la vie du Littoral, viennent y chercher quelques réjouissances d'ordre supérieur, un peu de repos et beaucoup d'admiration" (Journal des Arts, 1912)
Paris, première moitié du XXe siècle, époque Art Nouveau, 1912.
Matériaux: bronze doré ciselé. Très bel état, dorure d'origne.
Albert, Ernest MARIONNET (Paris, 28 avril 1870-Paris, après 1932)- Artiste-Ciseleur, fabriquant d'objets d'Art.
Comme nombre d'artistes de sa génération évoluant en marge des réseaux académiques, A.-E. Marionnet dirigea ses talents de "merveilleux ciseleur" (G.Coquiot, 1899) vers les arts décoratifs appliqués à la parure fémine, aux objets usuels d'atours singuliers ou luxueux dont les années 1900-1910, sous la tutelle du style Art Nouveau, entérineront l'essor.
Au début de sa carrière oeuvrant pour des Maisons d'Orfèvrerie renommées -Hénin et Cie, Christofle et Cie-, A.-E. Marionnet, lauréat du Prix Crozatier en 1899, présente la même année au Salon des Artistes Français ses propres créations fort remarquées aux côtés de celles d'Henry Nocq (1869-1942),), d'Octave Lelievre (1869-1947). Ses envois de 1901 et 1902 -vitrines contenant des modèles de bijoux (boucles de ceintures), des vases, gobelets, plats " en argent massif cadré de capucines", .- sont dès lors loués pour leurs"matériaux précieux", leur charme raffiné et leurs " arrangements si jolis". Etabli en diverses adresses de la capitale comme Artiste-Ciseleur, Industriel (1910-1911),il revint seulement en 1912 en tant qu'Elève d'Auguste Delaherche (1857-1940)- collobarateur entre autres de la Maison Christofle- au-dit Salon avec une "vitrine" ((n°5301) comprenant un vase et un plateau" (modèle au Pin?). C'est à l'intérieur de cette fourchette chronologique restreinte ( 1900-1913)que s'épanouit son talent plébiscité par les critiques d'art de l'Exposition Internationale des Beaux-Arts de Monte-Carlo. En parallèle de garnitures de bureau de Style Empire ou Louis XVI, l'artiste y proposera des bijoux (pendentifs, peignes,broches, agrafes, boucles de ceinture) en argent, des nécessaires de bureau (cachets,coupes-papier, encriers, buvard-tampon), des vases-fleurs,des bonbonnières, des coupes et plats en bronze doré,...dont les formes, les motifs animaliers (cygne), floraux (capucines, glycines, narcisses, pensées,oeillets, mimosas, chardons), végétaux (noisettes, pin) ou figuratifs (Déese, La Source, enfant au ballon) résolument Art Nouveau conquirent une clientèle aisée ouverte à la nouveauté.
Encore appréciés lors de l'Exposition Internationale des Arts Décoratifs de 1925, ses" remarquables ouvrages" honorent la carrière d'A.-E. Marionnet toujours actif en 1930-1932 au n° 54 de la rue Sévigné.