Salon International Du Patrimoine Culturel 2014

Manifestation de référence, le salon du patrimoine culturel fête cette année autour du thème de la transmission. Il se tiendra au carroussel du Louvre du 6 au 9 novembre 2014

LA TRANSMISSION, UN DÉFI MAJEUR POUR L’AVENIR DU SECTEUR

La vingtième édition du Salon International du Patrimoine Culturel se consacre au thème très actuel de la transmission. Un sujet primordial pour les entreprises liées au patrimoine en France qui, riches d’un héritage exceptionnel, s’ouvrent de plus en plus vers de nouveaux matériaux et les nouvelles technologies. Transmettre, c’est sauvegarder des savoir-faire ancestraux en formant dans les ateliers une main-d’oeuvre qualifiée. C’est aussi permettre à une entreprise de changer de mains sans qu’elle perde ses atouts. Dans un cas comme dans l’autre, il s’agit de faire perdurer la passion d’un métier tout autant que la précision d’un geste.

salon du Patrimoine 2014

TRANSMISSION DES SAVOIR-FAIRE : LA PRÉCISION DES GESTES

En matière de métiers d’art, la France dispose d’une gamme incomparable de plus de 1000 organismes de formation. Ils séduisent tout autant des jeunes que des étudiants ou des adultes en quête de reconversion. Ces formations ne peuvent faire l’économie d’un passage par l’atelier ou l’entreprise. Les formateurs sont avant tout des passeurs qui transmettent tout autant des techniques complexes que l’amour d’un métier dont ils ont à coeur de révéler la valeur et le sens.

À l’image du Centre de Formation d’Apprentis La Bonne Graine, de nouveau présent sur le salon et créé par l’Impératrice Eugénie à l’attention des enfants défavorisés. Toujours porteur d’une vocation sociale forte, le CFA La Bonne Graine forme aujourd’hui 400 jeunes en alternance et délivre 13 diplômes dans le secteur de l’ameublement, dont l’un ouvrant au métier rare d’emballeur professionnel d’oeuvres d’art. Certaines formations n’étant d’ailleurs assurées que dans ce CFA.

Salon du Patrimoine
Salon du Patrimoine 2014

« Pendant la durée de la formation, l’élève est lié par contrat à une entreprise qui le sensibilise aussi aux relations avec les clients ou les fournisseurs et au travail sur les chantiers », confirme Jérôme Théveny, directeur du CFA. « Ce qui permet une insertion rapide de 85 à 90 % de nos élèves ». L’école, elle, met au service des élèves une infrastructure proche de celle d’une entreprise.

L’équipe, issue du milieu professionnel, transmet passion du matériau, respect de la tradition mais aussi « prise de conscience que ces métiers, rares et fragiles, sont très beaux quand on les maîtrise », poursuit Jérôme Théveny. « L’apprentissage, c’est faire connaître des gestes précis mais aussi aider à élaborer sa pensée ». Le goût pour des techniques issues du XIXème siècle n’empêchant pas le CFA de vivre avec son temps et d’adapter ses diplômes à la maîtrise des nouveaux matériaux.

Salon du Patrimoine 2014
Salon du Patrimoine 2014

DANS L’ATELIER D’UN MAÎTRE D’ART

La formation aux métiers d’art rares et de tradition ne peut pas toujours s’opérer dans les circuits classiques de l’enseignement technique et professionnel. L’autre solution étant de se former directement dans un atelier, sous la direction d’un artisan d’art. Ce fut le choix de Yoann Charbonnier, au sortir de son CAP d’assistance technique en instruments de musique, option guitare, quand il accepte en 2004 d’intégrer l’atelier de Joël Laplane, luthier en guitare classique et flamenco.

« J’arrivais avec un bagage en ébénisterie mais Joël Laplane m’a apporté ses connaissances scientifiques en matière de mécanique des matériaux, ses compétences dans le choix des bois et des ajustages, une approche acoustique… ». Joël Laplane, formé lui-même à la lutherie par Arthur Carbonell-Torres, travaille le matériau tout en se faisant le théoricien de l’enseignement qu’il a reçu et qu’il a choisi de transmettre ; pour cela, il a formalisé les processus de fabrication et de restauration de guitares par la rédaction de méthodes.

salon du patrimoine
Salon du patrimoine 2014

Ses qualifications et sa notoriété ont permis en 2008 à Joël Laplane d’être nommé Maître d’Art par le ministère de la Culture et de la Communication. Les Maîtres d’Art, exposants au salon, équivalents français des Trésors Vivants Japonais, s’engagent à transmettre à un très haut niveau, leurs savoir-faire d’excellence mais aussi des tours de main spécifiques qui ne peuvent s’acquérir que dans le cadre privilégié de leur atelier. Cette forme exclusive de transmission, dont on célèbre en 2014 les 20 ans d’existence, met en relation pour trois ans maximum un Maître d’Art et un élève ayant déjà une expérience professionnelle ; rémunéré grâce à une subvention du ministère, l’élève sera accompagné dans son projet personnel.

Maître d’Art, Joël Laplane choisit tout naturellement de poursuivre la transmission engagée avec Yoann Charbonnier, « en lui laissant alors plus d’autonomie face aux problèmes concrets de la réparation d’instruments. Mais je l’ai aussi sensibilisé aux relations avec les clients, à l’établissement de devis, à la prise de commandes… ». Et quand en 2013, Joël Laplane décide de quitter le métier, c’est à Yoann Charbonnier, depuis 8 ans à ses côtés, qu’il transmet son atelier marseillais, stock, outils et clientèle compris.

Salon du Patrimoine 2014
Salon du Patrimoine 2014

TRANSMISSION DES ENTREPRISES :
DU CÉDANT AU REPRENEUR

La transmission évoque aussi le processus économique qui permet de faire passer une entreprise d’un propriétaire à un autre. Dans le cas des entreprises du patrimoine et des ateliers, cette passation n’est pas anodine : la pérennisation des savoir-faire est essentielle et les enjeux économiques complexes. D’autant plus que, souvent ancienne, parfois familiale, l’entreprise est la résultante d’une passion pour un métier donné et ne peut être galvaudée. Quand le cédant ne transmet ni à un proche ni à un salarié, la difficulté est de trouver un tiers.

Un certain nombre d’organismes proposent des dispositifs pour mettre en relation les cédants et les repreneurs potentiels. Comme la BNOA (Bourse Nationale d’Opportunités Artisanales), la première plateforme nationale d’accompagnement créée en 1999 et développée par l’Assemblée permanente des Chambres de Métiers et de l’Artisanat (APCMA).

Grâce au dispositif de la BNOA, une première base de données enregistre les entreprises métiers d’art proposées à la vente, une deuxième liste les candidats à la reprise. Un conseiller du réseau établi un diagnostic approfondi de l’entreprise à transmettre, élabore un prix de vente et rédige une annonce (chiffre d’affaires, effectifs, atouts de l’entreprise et région d’implantation) qui sera mise en ligne.

Salon du Patrimoine 2014
Salon du Patrimoine 2014

Les postulants à la reprise sont ensuite filtrés selon leurs compétences et mis en relation avec le cédant. 70 % des entreprises enregistrées sur la BNOA trouvent preneur grâce aux services (gratuits) de ce dispositif qui offre des gages de qualité et de confidentialité. Sur le stand de l’APCMA, le dispositif de la BNOA sera présenté aux artisans d’art et de restauration.

Signe de l’intérêt croissant pour le sujet, la Chambre de Commerce et d’Industrie de Paris, qui organisera une conférence sur le salon, propose un guide en ligne de la reprise d’entreprises et une Bourse d’Opportunités d’Affaires rassemblant les annonces des entreprises à céder et des repreneurs potentiels. Ce dispositif est spécialement destiné aux entreprises du secteur de la mode, du luxe et des métiers d’art. La Bourse de la Transmission mise en place par la BPI France compte quant à elle plus de 48 000 annonces dans tous les secteurs d’activité…

Vous aimez aussi