Robert Goossens: Le bijoutier haute couture

Robert  Goossens fut le « Monsieur bijoux couture » français. Il est aux bijoux couture ceux que sont, chacun dans leur discipline Lemarié pour les plumes, Lesage pour la broderie ou Desrues pour les parures.

C’est l’un des grands de la joaillerie.  Le bijou-couture par excellence, c’est lui !  Il aura créé les bijoux des plus grands couturiers et créateurs de mode du XXe siècle. Robert Goossens fut associé à Chanel, Balenciaga, Grès, pendant plus de vingt ans. Beaucoup d’autres créateurs font appel à la Maison Goossens, séduits par l’esthétique tour à tour baroque, surréaliste, pop ou antique. Son grand talent fut de savoir composer avec l’esprit de chaque maison tout en affirmant, au fil des ans, son propre style.

Parure Soleil, Yves saint Laurent réalisée par Robert Goossens dans les années 80.
métal martelé doré , Siglé YSL.
(c) Galerie Olaf Thomas Proantic.

Robert Goossens fut un artisan aux mille compétences, rendant précieux les matériaux les plus modestes. capable d’anoblir la fantaisie, à redonner au bronze, au cristal de roche et à la pâte de verre la beauté et la puissance évocatrice des bijoux antiques ou médiévaux.

Il naît en 1927 à Paris d’un père fondeur en bronze et d’une mère employée dans un théâtre. En 1942, il commence son apprentissage d’orfèvre-boîtier chez Bauer, un atelier qui travaille pour la Maison Cartier. Son initiation se poursuit au sein de l’atelier Lefèvre, toujours pour Cartier. En 1949, devenu artisan à domicile, il exécute des commandes très variées exigeant une grande maîtrise de différentes techniques, telles la marqueterie sur ivoire, écaille et nacre, le travail du bois et du cuir, la sculpture, la peinture ou encore l’émaillage.

Sa carrière « Haute Couture » débute en 1948 chez Max Boinet qui travaille pour Dior, Balmain, Fath, Balenciaga, Schiaparelli, etc..  Sa collaboration avec Max Boinet – qui exécuta pour Schiaparelli la broche œil imaginée par Jean Cocteau – lui permet de repousser ses limites techniques et esthétiques.

La rencontre fondatrice avec Coco Chanel

Mais parmi ses nombreuses rencontres, se sera celle avec Coco Chanel en 1953 qui aura été déterminante. Celui qu’elle surnommait son « byzantin barbare », aimait comme lui, mélanger la pacotille et le précieux.

Cette rencontre marquera le point de départ d’une véritable collaboration jusqu’à la mort de la Grande Dame en 1971. Dès 1954, Robert Goossens participe activement à la création du style byzantin, signature de la maison Chanel. Goossens mélange les matériaux pour réconcilier le baroque avec le bijou fantaisie : métal, perles, pâte de verre, verre de Bohême… Il se spécialise, entre autres, dans les sautoirs chers à Coco Chanel.

C’est d’ailleurs après avoir restauré une croix appartenant à Coco Chanel que le cristal de roche est devenu sa matière de prédilection. D’autres thèmes lui sont également chers : le bronze doré, les branches de corail, les gerbes de blé…

La collaboration avec Yves Saint-Laurent

Approché par la Maison Saint-Laurent qui souhaite recruter le « Monsieur Bijou » de la Maison Chanel, il débute en 1974 chez Saint-Laurent en collaboration avec Loulou de la Falaise qui lui suggère de nouvelles pistes d’inspiration. Ce sera l’Afrique ! Robert se documente et imagine une ligne de bijoux africanistes comme les modèles bambous tout en continuant à décliner les thèmes des cœurs et des croix, ainsi qu’à réaliser des lustres, des tables ou des miroirs. La collaboration est très fructueuse jusqu’en 2000.

Paire de boucles d’oreilles à clip en forme de cœur, crée par Robert Goossens dans les années 1980.
(c) Les Billes de la Gamine, Proantic.

En 2005 l’atelier familial Robert Goossens a été racheté par la Maison Chanel, qui pu  ainsi placer sous son giron ce trésor de savoir faire en voit d’extinction.

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