Porcelaine – Chefs-d’œuvre de la collection Ise

Le musée national des arts asiatiques – Guimet ouvrira les portes de l’hôtel d’Heidelbach nouvellement restauré en y accueillant temporairement au rez-de-chaussée une vaste collection d’anciennes céramiques chinoises prêtées par Hikonobu Ise, agro industriel japonais passionné de la civilisation chinoise. « Trois couleurs », monochromes, céladons, porcelaines bleu et blanc, cette collection emblématique s’étend historiquement du 5e siècle avant notre ère jusqu’au 19e siècle, de la période Tang jusqu’à celle des Qing.

 

Hikonobu Ise, philanthrope et collectionneur, réunit depuis trente ans un ensemble exceptionnel de céramiques chinoises qui forme l’une des collections privées les plus prestigieuses du Japon.

Ce panorama inédit de l’évolution des techniques et des décors de l’art céramique chinois, illustre les grands développements des arts du feu en Chine, avec des pièces de très haute qualité , dont certaines sont de véritables trésors nationaux. Bien plus qu’une
simple collection d’art, elles sont pour le collectionneur japonais l’objet d’une étroite relation entre lui et la culture chinoise qu’il admire.

Aiguière en forme de melon, porcelaine qingbai.  Dynastie des Song du Nord (11ème – 12ème siècles)
© Collection Ise

L’hôtel d’Heidelbach, qui fut par le passé le lieu d’exposition d’un vaste « Panthéon bouddhique », pourrait désormais se renommer « Temple de porcelaines », au moins le temps de l’exposition que le musée Guimet organise grâce à l’aide bienheureuse d’Hikonobu Ise.

Pour la première fois exposées en France, les quelques 75 œuvres qu’il présente sont imprégnées d’une histoire forte, d’une relation puissante entre la Chine et lui, et plus largement entre les deux civilisations millénaires japonaise et chinoise. Déjà à l’époque de l’autoritaire shogunat de Kamakura (1185-1333), et longtemps après jusqu’à nos jours encore, l’archipel japonais importait des céramiques chinoises que l’on utilisait pour la cérémonie du thé, propre à la culture japonaise.

Vase à décor de pivoines et d’arabesques, porcelaine céladon. Entre la dynastie des Song du Sud et la dynastie des Yuan (13ème – 14ème siècles), © Collection Ise

Cette relation entre ces deux cultures, Hikonobu Ise l’incarne parfaitement, à une échelle plus intime, plus personnelle, et finalement plus humaine. Son rapport avec ces œuvres est presque méditatif. Lorsqu’il contemple un de ces objets, il nous dit rentrer dans une sorte d’extase qui dépasse le simple plaisir visuel ou l’intérêt historique. Il raconte ainsi comment, face à une céramique Ming représentant un combat de coqs, il fut
« totalement ébloui et presque en état d’ivresse pendant les six mois qui ont suivi ». Hikonobu Ise n’est pas simplement expert de la céramique chinoise, il en est avant tout un amoureux inconditionnel.

Coupe à pied haut avec arabesques de pivoines, porcelaine kinrande (« brocart d’or »). Dynastie des Ming (16ème siècle),
© Collection Ise

Si Hikonobu Ise a entrepris de s’investir dans une collection aussi impressionnante, c’est parce qu’il est animé d’un ineffable désir de préservation de ces objets. Pour lui, cette centralisation qui s’effectue entre ses mains évite toute dispersion, toute perte ou maladresse, ce qui assure la pérennité de la collection. Cette noble tâche qu’est la préservation et la restauration d’un patrimoine millénaire, le MNAAG et le public auront le privilège d’en profiter. Aidé du savoir-faire japonais en matière de protection des œuvres d’art (notamment des dangers sismiques), Hikonobu Ise nous livre ici des objets qu’il a aimés, mais aussi protégés.

Au détour de cette exposition, le visiteur est ainsi réellement convié à pénétrer dans l’intimité et l’émotion du riche Japonais, à adopter son regard, et à ressentir le caractère charnel que peuvent susciter les objets. Il s’agit finalement d’une éternelle filiation : Hikonobu Ise s’ancre dans ces œuvres, il en est la filiation affective et émotionnelle. Il les traite alors avec le respect du passé et les protège contre la détérioration du temps.
L’exposition sera reprise au Japon au musée de la céramique d’Osaka.

En savoir plus:

Porcelaine, chefs-d’œuvre de la collection Ise

Jusqu’au  4 septembre 2017

http://www.guimet.fr

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