Les poinçons des étains anciens

En France, les pièces d’étain ont toujours comporté, en principe, au moins un poinçon : le poinçon de maître ou de « potier d’étain » ; le potier l’apposait dès 1382 sur les pièces de « bon aloy », c’est-à-dire d’étain fin. Les maîtres potiers devaient présenter leur poinçon aux jurés de la communauté et l’insculper sur une plaque de contrôle. Les pièces non marquées risquaient d’entraîner le paiement d’une amende.

Ecuelle en étain, Lyon 18ème.
(c) Lebelobjet, Proantic

En 1643, obligation fut faite de marquer ETIN FIN sur les grands poinçons à côté du symbole évoquant le nom du potier (une poire pour un Poirier, par exemple) et la date de réception à la maîtrise. Le petit poinçon devait regrouper les initiales du maître, son symbole et P. pour Paris, ou l’initiale de la ville en province.

Saupoudreuse en étain
Première moitié du XVIII ème siècle.
(c) Art Stannum

 

(c) Art Stannum

En 1691, le poinçon doit comprendre le nom et la date d’admission à la maîtrise. Les potiers de certaines régions se reconnaissent par la présence permanente sur leur poinçon de motifs caractéristiques : par exemple l’ange pour la région de Strasbourg et de Lyon ; la croix de Lorraine pour Nancy ; la rose se trouvait un peu partout, elle était complétée par les inscriptions « étain fin », « cristallin », « d’Angleterre » ou « de Cornouailles », rappelant ainsi la provenance géographique du métal.

Salière en étain du 16ème siècle.
(c) Lebelobjet, Proantic

Dès le XIVe siècle, les potiers d’étain devaient présenter leurs produits aux maîtres jurés de leur corporation, le contrôle de la qualité était alors exclusivement exercé par la corporation. Le poinçon de contrôle, introduit par Louis XIV en 1657, fut imposé en 1691 aux potiers provinciaux. Il concerne la qualité de l’étain utilisé : il est circulaire, comporte la date de 1691, le nom de la ville et la lettre F ou C pour marquer la qualité de l’étain : fin ou commun.

ECUELLE à oreilles en étain. Poinçon de Joachim LE CLOAREC reçu maître avant 1761: hermine couronnée / J.L.C / V. VERSAILLES, Avant 1781.
(c) Art Stannum, Proantic

 

(c) Art Stannum, Proantic

Les récriminations portent, déjà, essentiellement sur la quantité de plomb dans l’alliage. On peut toutefois établir, concernant cette période, une distinction entre trois qualités d’étain :

  • L’étain dit « fin » pur à 90% en complément d’antimoine, de cuivre rouge
  • L’étain « commun » à forte proportion de plomb (10 à 20%)
  • L’étain « mort » ou « claire étoffe » à très forte proportion de plomb (30 à 40%)
  • L’étain « fin » et « commun » étaient utilisés pour la vaisselle.
  • L’étain « mort » pour les pièces telles que bougeoirs, lampes à pétrole, les mouchettes…
Pichet à épaulement en étain.
Poinçon de Benjamin Philippe DORET reçu maître en 1790: lion rampant couronné.
(c) Art Stannum, Proantic

 

(c) Art Stannum, Proantic

À Paris, le poinçon est plus varié. Les poinçons de contrôle sont supprimés après 1784 ; certains continuèrent à être utilisés au XIXe siècle, sans signification légale.

Dans la seconde partie du XXe siècle, l’étain perd son usage utilitaire pour devenir principalement objet décoratif

 

 

Vous aimez aussi