Pierre Bobot, un talentueux laqueur français

Pierre BOBOT (Paris, 1902-1974) est un laqueur français, élève de l’École Bernard Palissy et, à partir de 1921, de l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs. Au début de sa carrière, il travaille chez un restaurateur de laques anciens chinois : il s’initie ainsi à de difficiles techniques qui l’intéressent et décident de sa vocation.

En 1923 il installe son propre atelier et en même temps qu’il continue ses premiers travaux, il est devenu restaurateur des Musées et Palais Nationaux, il continue ses recherches et entreprend son oeuvre personnelle.

Buffet bas en bois laqué à décor polychrome et or de Pierre Bobot.
(c) Galerie Atena,Proantic
Deux caractéristiques vont distinguer dès lors le maître: l’utilisation de laque synthétiques et l’abandon des sujets traditionnels chinois au profit d’une occidentalisation des thèmes.
Outre leur non-toxicité, les laques synthétiques permettent des effets interdits aux matières naturelles végétales, comme les laques blancs . De plus, la laque synthétique peut facilement et diversement être colorée dans la masse, d’où l’obtention d’effets de variation de tons en transparence. L’artiste n’oublie pas les techniques classiques telle l’incrustration de coquille d’oeuf.
Paravent Pierre BOBOT, 1929.

Technicien éprouvé, Pierre Bobot sait apprécier la beauté propre à la laque, aime les irisations d’or et d’argent et a souvent remis en honneur les laques gravées à l’imitation des anciennes laques chinoises dites de « Coromandel ».

Petite table haute laquée.
Pierre Bobot, 1960
Il obtient aussi d’intéressants effets en superposant deux laques d’épaisseurs différentes : fond uni sur lequel se détachent des motifs ornementaux, fleurs, oiseaux, voire scènes anecdotiques, en relief. Il conçoit ses panneaux comme prétexte à de grandes compositions décoratives dont il étudie le dessin et l’iconographie avec un soin tout particulier.
Laque de Pierre Bobot sauvée avant la déconstruction de l’ex-France (© : J-C LEMEE)
Quant aux thèmes traités, vues panoramiques de Paris, scènes de la nature, vues portuaires, pierre Bobot en conçoit le projet, en réalise l’exécution. Il n’hésite, pas pour ce faire, à fréquenter les bibliothèques d’où il tire les documents originaux dont il s’inspire. Ses conceptions en vue cavalière, si souvent mises en valeur pour le Paris d’hier et  d’aujourd’hui, sont nées de son expérience d’aérostier mais aussi de la pratique du restaurateur de paravents chinois où la vision de haut en bas est depuis toujours celle de la peinture chinoise.
Paravent en laque Pierre Bobot,
le pond neuf.

Il expose depuis 1932 aux Salons d’Automne puis à ceux des Artistes Décorateurs et de la Nationale des beaux-arts. Il collabore avec Leleu, Dominique, Jallot, Pascaud et compose parfois lui-même des meubles entièrement laqués ou incrustés de motifs ornementaux.

Meuble du salon ivoire et or, 1955. Pierre Bobot

Des oeuvres de Bobot acquises par la Ville de Paris et par l’État figurent à l’Hôtel de Ville, au Mobilier National, au Ministère de la Reconstruction, à l’Hôtel des Tabacs. Il exécute les panneaux offerts par le Président de la République à la Reine Juliana, et fait d’importants travaux pour les compagnies maritimes françaises et pour le paquebot hollandais « Orange ».

De 1934 à 1968, il est le seul professeur de laque en France, enseignant à l’école des Arts Appliqués de Paris où il forme de jeunes talents aux techniques complexes du laque.

 

 

 

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