Le palais de Compiègne

Bâti par Louis XV et Louis XVI, réaménagé sous Napoléon Ier puis Napoléon III, le palais de Compiègne fut un haut-lieu de la vie de cour et de l’exercice du pouvoir. L’originalité et la beauté du plus grand palais néo-classique français, la qualité de ses décors intérieurs et de son mobilier, constituent un ensemble unique, un lieu historique qui, aux côtés de Versailles et de Fontainebleau, est l’une des trois plus importantes résidences royales et impériales françaises.

Palais de Compiegne © Rmn-Grand Palais (domaine de Compiègne) / Franck Raux
Palais de Compiegne
© Rmn-Grand Palais (domaine de Compiègne) / Franck Raux

De Charles V à Louis XVI, un lieu de séjour pour la  cour de France

Sur la route des Flandres, à quatre-vingts kilomètres de Paris, le palais de Compiègne fut une résidence royale et impériale dont les appartements, par delà les remparts de la ville, donnent sur une forêt de plus de quatorze mille hectares. Une position qui reflète la décision du roi Charles V d’acquérir ces terrains à l’intérieur de la ville pour y construire un palais, presque achevé à sa mort en 1380.

Si le bâtiment de Charles V fut modifié au fil du temps, il garda un aspect médiéval jusqu’au XVIIe siècle. C’est à Louis XV, qui se passionna pour Compiègne, que l’on doit le palais actuel. La maison de ses ancêtres étant exigüe et démodée, il voulut une résidence à laquelle attacher son nom. Il demanda un « grand projet » à son premier architecte Ange-Jacques Gabriel qui en dessina les plans validés par le roi en 1751.

Devenu roi en 1774, Louis XVI commanda à son tour des travaux au successeur de Gabriel, Le Dreux de la Châtre, qui suivit les grands traits du projet de Gabriel, réalisant l’aile neuve donnant sur le parc, que Marie-Antoinette allait s’approprier, le péristyle, la salle des colonnes, la salle des gardes et d’importants aménagements intérieurs comme l’appartement du roi et celui de la reine. C’est sous son règne qu’une partie des décors intérieurs que nous connaissons furent réalisés.

Le palais des deux empereurs

De Napoléon Ier…

La Révolution amena la dispersion du mobilier en 1795 et seules quelques pièces ont pu revenir de nos jours. En 1799 un prytanée militaire fut installé au palais ; il est à l’origine de l’Ecole des Arts et Métiers (1803) qui s’installa à Châlon-sur-Marne en 1806. Il était nécessaire de rendre à cette résidence sa fonction originale. Aussi Napoléon Ier donna-t-il l’ordre, le 12 avril 1807 de remettre Compiègne en état. Immédiatement, de grands travaux intérieurs furent lancés, sous la conduite de l’architecte Louis-Martin Berthaut, qui venait de travailler pour Joséphine à la Malmaison. Ils se déroulèrent de 1808 à 1810 et entrainèrent une nouvelle distribution des espaces et surtout de nouveaux décors avec un mobilier qui nous est en partie parvenu. L’Empereur occupa l’ancien appartement du roi tandis que l’Impératrice fut logée à l’extrémité de la terrasse ; l’ancien appartement de la Reine devint un appartement destiné à un souverain étranger. L’essentiel des décors muraux est l’oeuvre des ateliers de Dubois et Redouté tandis que les meubles furent réalisés par Jacob-Desmalter et par Marcion. Il s’agit des appartements les plus complets du Premier Empire en France.

Chambre de l'Impératrice, Palais de Compiègne. (c) © Rmn-Grand Palais (domaine de Compiègne) / Daniel Arnaudet
Chambre de l’Impératrice, Palais de Compiègne.
(c) © Rmn-Grand Palais (domaine de Compiègne) / Daniel Arnaudet

… à Napoléon III

Le Second Empire est indissociable de Compiègne. Napoléon III apprécia particulièrement le palais, y organisant avec l’impératrice à l’automne les fameuses « séries » qui rassemblaient chaque semaine une centaine d’invités durant quatre à six semaines consécutives. Personnalités proches du pouvoir, souverains ou princes étrangers, diplomates, écrivains, artistes, scientifiques se retrouvaient dans la quasi intimité de la famille impériale. Chasses, excursions, jeux, concerts et pièces de théâtre occupaient les journées où l’on oubliait les contraintes de l’étiquette. Des aménagements furent alors effectués pour recevoir les invités et un important mobilier contemporain fut introduit. L’Empereur fit également construire la Galerie Neuve, dite Galerie Natoire, afin de pouvoir accéder directement au théâtre impérial, qu’il édifiait de l’autre côté de la rue d’Ulm, et qui resta inachevé en 1870.

Musées du Second Empire, Palais de Compiègne © Marc Poirier
Musées du Second Empire, Palais de Compiègne
© Marc Poirier

LES APPARTEMENTS HISTORIQUES

Le palais de Compiègne comporte quatre appartements principaux (appartements de l’Empereur, de l’Impératrice, du roi de Rome et appartement double de prince) qui témoignent de son occupation de la fin du XVIIIe siècle au Second Empire.

Reconstruit sous Louis XV et aménagé sous Louis XVI, le château a été conçu selon un plan triangulaire. Ouvrant sur la ville, il se tourne toutefois vers la forêt avec laquelle le parc, dessiné sous Napoléon Ier, fait la transition. Les appartements des souverains, de Louis XV à Napoléon III, y occupent le premier étage et donnent de plain pied sur la terrasse.

Les appartements historiques comprennent l’appartement de l’Empereur, celui de l’Impératrice, mais aussi celui du roi de Rome et enfin l’appartement dit Double de prince, aménagé sous l’Empire pour l’accueil d’un couple princier.

La bibliothèque de l'Empereur. Palais de Compiègne. (c) Hugo Maertens
La bibliothèque de l’Empereur. Palais de Compiègne.
(c) Hugo Maertens

Les appartements de l’Empereur et de l’Impératrice témoignent de l’occupation du château devenu palais impérial, de la fin du XVIIIe siècle à la chute du Second Empire, avec, entre autres, pour le XVIIIe siècle la salle des Gardes, pour l’Empire les chambres de Napoléon Ier et de l’impératrice Marie-Louise, et pour le Second Empire le salon de Thé de l’impératrice Eugénie.

Chaque pièce de cet ensemble a été remeublée en suivant les principes de la restitution des états historiques formulés à Compiègne après la Seconde guerre mondiale. Pour chacune, le choix a été fait de retourner, parmi les trois états possibles (XVIIIe siècle, Premier Empire, Second Empire), à celui dont l’ensemble du mobilier et des œuvres d’art était le plus complet dans les collections du musée afin d’être au plus près de la notion d’authenticité.

LES MUSÉES DU SECOND EMPIRE

Les musées du Second Empire évoquent art, histoire et vie de cour à l’époque de Napoléon III à travers un ensemble remarquable d’œuvres d’art et de souvenirs de la famille impériale.

 Au sortir des appartements impériaux, l’opportunité est offerte aux visiteurs du palais impérial de Compiègne de poursuivre leur voyage dans l’histoire du règne de Napoléon III en découvrant les musées du Second Empire. Installés dans des espaces destinés au temps des « séries » à des hôtes prestigieux, tels le prince et la princesse de Metternich ou encore le baron Haussmann, le musée du Second Empire et le musée de l’Impératrice font revivre la mémoire de cette époque à travers une collection unique en son genre.

 Au musée du Second Empire, tableaux, sculptures, mobilier et objets d’art, se mêlent comme ils le faisaient dans les résidences impériales, créant une atmosphère de luxe raffiné. Le célèbre Portrait de l’impératrice Eugénie entourée des dames de sa cour (1855), par Franz Xaver Winterhalter, offre la meilleure introduction à l’ère des crinolines. Parmi les œuvres des artistes les plus célébrés en cette époque, tels Alexandre Cabanel ou Eugène Fromentin, se détachent tout particulièrement un ensemble de sculptures de Jean-Baptiste Carpeaux, qui fut convié aux « séries » de Compiègne. Des objets d’exception évoquent les arts décoratifs fastueux du temps des premières Expositions universelles. Certains proviennent du palais, d’autres des résidences impériales détruites de Saint-Cloud et des Tuileries, d’autres encore de familiers de la cour.

En contrepoint, le musée de l’Impératrice révèle la vie intime des souverains. Cette collection, initiée par le docteur Ferrand et donnée à la Ville de Compiègne en 1951, rassemble d’émouvants témoignages du quotidien d’une famille au destin exceptionnel, de la naissance de l’Empire à l’exil en Angleterre après 1870. Les descendants de la maison impériale l’ont enrichie de nombreux objets pieusement conservés par l’impératrice Eugénie elle-même, comme des reliques d’un passé appartenant à l’histoire nationale.

 Un cabinet d’arts graphiques complète cet ensemble. Il comporte un fonds photographique très riche (portraits de personnalités du Second Empire, images liées à la vie de cour ou encore vues d’architecture, en tirages isolés ou en albums), une importante collection de dessins (notamment des feuilles dues au sculpteur Jean-Baptiste Carpeaux et au peintre Thomas Couture), ainsi que plusieurs milliers de gravures.

En savoir plus:

http://palaisdecompiegne.fr/

 

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