Le luxe, le goût, la science… Neuber, orfèvre minéralogiste à la cour de Saxe

Neuber, orfèvre minéralogiste

77229424_pExposition  Galerie J.Kugel  du 13 septembre  au 10 novembre 2012

La nouvelle exposition de la galerie Kugel, organisée avec la Grünes Gewölbe de Dresde et la Frick Collection de New York, a pour sujet l’oeuvre de Johann Christian Neuber (1732-1808), orfèvre et minéralogiste à la Cour du prince électeur Fréderic-Auguste III de Saxe. Alors que dans « l’Europe des lumières » Paris était la capitale incontestée du goût et de la mode, en particulier dans le domaine des tabatières, Neuber sut intégrer le génie de l’art français et le transcender pour parvenir à un style personnel et novateur. Il fut ainsi l’un des rares artistes allemands à atteindre une renommée européenne.

Perfectionnant une tradition locale de travail lapidaire, Neuber mit au point et excella dans une technique appelée Zellenmosaic ou mosaïque en cloisonné, réalisant des tabatières et des « galanteries » d’un goût exquis en utilisant l’immense variété de couleurs et de motifs naturels que lui offrait les pierres de la Saxe. Répondant au goût naissant pour la science, en particulier la minéralogie, parmi l’aristocratie et l’élite, Neuber inventa la Steinkabinett tabatiere ou tabatière formant cabinet minéralogique, petit chef-d’oeuvre portatif combinant, comme il l’indiqua dans une annonce en 1786 : «le luxe, le goût et la science».

Neuber, orfèvre minéralogiste
Neuber, orfèvre minéralogiste,
(C°Galerie J.Kugel

L’exposition présente près de quarante tabatières et « galanteries » provenant de la Grünes Gewölbe, le célèbre musée de la Voûte Verte, ainsi que de la collection de porcelaine de Dresde et de collections privées. Elles illustrent l’ingéniosité et le génie esthétique de Neuber et couvrent tous les aspects de sa production. On y découvre d’admirables paysages champêtres, de savantes compositions florales ou des motifs géométriques complexes.

Mais Neuber est avant tout l’auteur de l’un des chefs-d’oeuvre de l’art occidental, et certainement le meuble le plus extraordinaire conçu au XVIIIe siècle : la « table de Breteuil». Les circonstances de sa réalisation sont à la hauteur de l’ouvrage, puisqu’il s’agit d’un cadeau destiné au principal médiateur de la paix de Teschen, en 1779, l’une des rares occasions de l’Histoire où la diplomatie prévalut sur la guerre. Conçue sur le modèle de ses tabatières en Steinkabinett, elle est réalisée en métal, pierres fines et dures, son plateau comporte 128 échantillons des plus belles pierres de Saxe. Encore conservée dans la famille pour laquelle elle a été réalisée, elle n’a quasiment jamais quitté le château de Breteuil, dans la vallée de Chevreuse, à 40 km à l’ouest de Paris.

Neuber, orfèvre minéralogiste
Neuber, orfèvre minéralogiste,
(C°Galerie J.Kugel

L’exposition offre l’opportunité unique de faire découvrir la « table de Breteuil » ainsi que d’autres oeuvres monumentales récemment découvertes : « la console de Moritzbourg » réalisée pour Fréderic-Auguste III de Saxe, ainsi qu’un élément du surtout offert par celui-ci au prince Repnine, considéré jusqu’ici comme perdu, composé d’un groupe allégorique en porcelaine de Meissen reposant sur un socle précieux de Neuber.

Après Dresde et New York, le public parisien pourra découvrir le génie de Johann Christian Neuber dont l’indéniable maîtrise technique s’allie à un admirable talent artistique dans la recherche du dessin et l’agencement des couleurs. Il s’agit de la première et peut être de la dernière exposition sur un orfèvre en tabatière du XVIIIe siècle car nul autre n’aura laissé une oeuvre aussi personnelle et originale.

Neuber, orfèvre minéralogiste
Neuber, orfèvre minéralogiste,
(C°Galerie J.Kugel

L’exposition est accompagnée d’un livre de 424 pages abondamment illustré, réalisé sous la direction d’Alexis Kugel, en français aux éditions Monelle Hayot et en anglais chez Paul Holberton publishing (parution : juin 2012). Il comprend des essais de divers auteurs dont les docteurs Dirk Syndram et Jutta Kappel, respectivement directeur et conservateur en chef de la Grünes Gewölbe, et inclut un catalogue raisonné de plus de 250 oeuvres.

Vous aimez aussi

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *