L’extravagant décor de l’Hôtel de la Païva

L’hôtel de la Païva est un Hotel particulier construit entre 1856 et 1865 au 25, avenue des Champs-Elysées par la Païva, célèbre courtisane du second Empire (Thérèse Lachman, 1819-1884, aventurière russe d’origine polonaise très modeste, devenue marquise portugaise, puis comtesse prussienne (Épouse du comte prussien Henckel Von Donnersmarck) . Elle y donnait des fêtes restées célèbres. Il est classé au titre des Monuments historiques en 1980. L’hôtel de la Païva conserve intact son décor du second Empire.

L'hôtel vers 1900, vu des Champs Élysées.
L’hôtel vers 1900, vu des Champs Élysées.

À partir de 1866, la comtesse, pourtant exclue des salons aristocratiques du fait de son parcours singulier, y reçut des gens célèbres : les Goncourt, théophile gautier, Gambetta, Renan, Taine, Emile de Girardin …

La Païva fit appel à l’architecte  Pierre Manguin pour construire l’hôtel dans le style de la renaissance italienne avec un jardin suspendu. Son coût de 10 millions de francs or défraya alors la chronique comme la durée des travaux, près de dix ans.

Le grand salon de l'Hôtel de la Païva
Le grand salon de l’Hôtel de la Païva

Le bâtiment et son ameublement

Depuis 1903, le bâtiment conserve son grand escalier d’onyx jaune, sa salle de bains de style mauresque, ses sculptures, ses peintures et le plafond de Paul Baudry . De même, subsiste la double entrée de la cour de l’hôtel avec une porte pour l’entrée des équipages et une autre pour leur sortie, leur évitant d’avoir à se croiser. En revanche, la cour de l’hôtel a été remplacée par des établissements commerciaux, guichet de change puis aujourd’hui restaurant.

Cheminée monumentale en marbre rouge de l'hôtel de la Païva
Cheminée monumentale en marbre rouge de l’hôtel de la Païva

Dans la réalisation du projet, l’architecte Manguin s’est entouré des sculpteurs, les plus grands talents de l’époque: Louis -Ernest Barrias, Léon Cugnot, Eugène Delaplanche , Eugène Legrain, Albert-Ernest Carrier-Belleuse et Jules Dalou . La Païva aurait servi de modèles à plusieurs œuvres, notamment pour la peinture du plafond « Le Jour pourchassant la Nuit » et les sculptures « L’Harmonie » et « La Musique » autour de la cheminée.

L' escalier en onyx jaune de L' Hôtel Païva
L’ escalier en onyx jaune de L’ Hôtel de la Païva

L’hôtel est notamment célèbre pour son escalier en onyx jaune, probablement unique au monde dans lequel est érigée dans une niche une statue en marbre représentant Virgile, datée de 1865 et réalisée par Barrias. Ce matériau rare, appelé « marbre onyx d’Algérie » provenait d’une carrière romaine redécouverte en 1849  à Ain-Snara près d’Oran par un marbrier de Carrare. Essentiellement utilisé à l’époque Napoléon III au bénéfice des constructions les plus prestigieuses, il a connu un grand succès lors de l’ Exposition universelle de 1867.

 L’onyx sera abondamment utilisé en Europe pour la réalisation d’objets d’art, d’horloges ou de sculptures. En raison du prix important de l’onyx, celui-ci était plutôt utilisé pour les objets de petite taille et plus rarement pour le mobilier.

Salle de bain mauresque del'Hôtel de la Païva ,  la baignoire en Onyx.
Salle de bain mauresque del’Hôtel de la Païva , la baignoire en Onyx.

L’hôtel de la Païva est aussi connu pour sa salle de bain mauresque où trône une baignoire très particulière sauvée par miracle de la destruction. De style Napolèon III sculptée par Donnadieu, marbrier à Paris, dans un bloc d’onyx comme l’escalier (1,85 m – 900 kg), la cuve est tapissée de bronze argenté tandis que trois robinets prévoient de verser, outre de l’eau, divers liquides exotiques. La marquise, dit-on, y prenait des bains de lait, tilleul et même de champagne.

Console du grand salon de l'hôtel de La Païva (c) RMN-Grand Palais (musée d'Orsay) / René-Gabriel Ojéda
Console du grand salon de l’hôtel de La Païva
(c) RMN-Grand Palais (musée d’Orsay) / René-Gabriel Ojéda

Le grand salon situé au premier étage donnait sur l’avenue des Champs-Élysées. Il était garni de quatre magnifiques consoles d’un même modèle qui étaient placées symétriquement aux fenêtres et à la cheminée. Dessus en marbre rouge, onyx et albâtre, Piétement en forme d’atlantes en bronze doré et patiné par Albert-Ernest Carrier-Belleuse  aujourd’hui aux Art décoratifs de Paris .

L’antichambre de la chambre à coucher avec une fausse fontaine de bronze argenté représentant Vénus et Cupidon et dans la chambre à coucher deux nymphes en bronze encadraient la cheminée.

L’éblouissante richesse du décor, les marbres, les bronzes, les céramiques, les mosaïques et les boiseries, contribuent à faire de cet hôtel l’un des plus remarquables exemples d’architecture privée du XIXe siècle, rare témoin de l’ancienne splendeur des Champs-Elysées.

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