L’Hôtel de Caumont

L’Hôtel de Caumont construit entre 1715 et 1742 se situe dans un quartier aristocratique de la vieille ville d’Aix-en-Provence, le quartier Mazarin. D’influence parisienne, c’est un hôtel particulier « entre cour et jardin », schéma architectural apparu à Paris au XVIe siècle, qui rapporté à échelle urbaine, correspond au château et son parc. Quatre éléments caractérisent ce type de plan : le portail, la cour, le corps de logis et le jardin, allant hiérarchiquement de l’espace public à l’espace privé.

Hotel de Caumont (c) Christian Michel
Hôtel de Caumont
(c) Christian Michel

Par l’ampleur de sa conception sans équivalent à Aix-en-Provence, il représente un échantillon de l’architecture française du XVIIIe siècle. Pour leur qualité, le portail à carrosses, la façade et la rampe d’escalier en fer forgé ont été inscrits à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques en 1925. La totalité de l’hôtel fut classée en 1987.

Le salon de musique, Hotel de Caumont
Le salon de musique, Hôtel de Caumont

Les plans initiaux de l’hôtel sont l’œuvre de Robert de Cotte. Il avait conçu pour l’hôtel une façade qui se devait d’imposer le statut social propre à la noblesse. Le premier projet était dans le goût classique qui faisait alors autorité dans les milieux parisiens. Le fils du commanditaire, Joseph François, modifie le projet initial pour aboutir à un résultat plus méridional et moins marqué par le classicisme architectural parisien avec un décor nettement plus important.

La chambre de Pauline de Caumont, Hôtel de Caumont
La chambre de Pauline de Caumont, Hôtel de Caumont

Le salon de musique

Les appartements de l’Hôtel de Caumont illustrent parfaitement avec leur richesse décorative les prétentions nobiliaires de ses différents occupants. À l’époque, dans les demeures du quartier Mazarin, un phénomène particulier reflète le haut niveau social de ses propriétaires : la présence de pièces spécialisées, habituellement réservées à la haute noblesse et aux châteaux princiers.

L’Hôtel de Caumont comptait ainsi un salon de musique, pièce dédiée à la pratique instrumentale. La musique a en effet joué un rôle central dans la vie sociale de la haute société au XVIIIe siècle. À l’image des souverains musiciens, comme Frédéric II de Prusse par exemple, beaucoup ont reconnu rapidement les vertus de la musique comme occupation mondaine. Le salon de musique devient alors dans les résidences un haut lieu de sociabilité.

Afin d’assouvir leur passion musicale, en 1742 les Rolland de Réauville passent commande d’un buffet d’orgue. Si malheureusement l’orgue n’est pas resté en place (il a été acheté le 5 février 1761 à la marquise de Réauville et est actuellement à l’Abbatiale de St. Sauveur d’Aniane), ce salon permet d’évoquer les caractéristiques d’un salon de musique aixois au XVIIIe siècle.

Aujourd’hui l’œuvre centrale du salon de musique est un écrin de clavecin dont la réalisation est à situer dans les toutes premières années du XVIIIe siècle. Bien que le clavecin d’époque n’ait pas été conservé, cet objet qui en est l’enveloppe, nous permet de comprendre avec quel luxe était imaginée la décoration de l’instrument de musique. Des scènes empruntées à la mythologie classique prennent place sur les différents éléments de l’écrin : Diane changeant en cerf le malheureux Actéon qui l’avait surprise au bain avec ses compagnes pour la partie intérieure, ou encore l’enlèvement d’Europe par Jupiter métamorphosé en taureau pour le décor extérieur du couvercle.

La chambre de Pauline de Caumont

Cette pièce permet d’évoquer la jeunesse heureuse de cette belle aixoise. Le XVIIIe siècle avait, après la mort de Louis XIV en 1715, redécouvert l’intimité, les alcôves et les boudoirs. Les fastes de Versailles laissent place à une vie plus confortable, les intérieurs deviennent des lieux où le luxe se mêle à la douceur de vivre.

Le lit présenté dans cette pièce est typique de ce goût du règne de Louis XV pour les alcôves et les lieux intimes. Il s’agit d’un lit dit « à la polonaise », de ses deux dossiers naissent quatre colonnes qui se prolongent pour former un baldaquin richement orné d’une épaisse pièce de tissu.

C’est aussi le triomphe du style « rocaille », très présent dans les appliques aux murs de la chambre : les arts décoratifs cèdent à cette mode de la volute, du motif végétal ou minéral, où rien ne semble symétrique et tout prend des formes de « coquille » et de rinceaux. Cette esthétique rocaille participe pleinement à la création d’une atmosphère intime et chaleureuse : tout semble rondeur et préciosité.

Le bureau à cylindre présenté ici évoque le style Louis XVI où les excès du rocaille semblent remplacés par la « noble simplicité » des lignes droites héritées de l’art antique. Cependant, il convient de souligner combien la forme même du bureau à cylindre, imaginée pour Louis XV, s’ancre profondément dans ce XVIIIe siècle précieux où l’on cherche à cacher sa correspondance des regards indiscrets grâce à un volet rabattable qui créer un espace intime de plus.

Les gypseries de la chambre ne sont pas iconographiquement aussi riches que celles des autres salons, cependant elles se chargent d’une dimension plus intime et nonchalante avec ces figures de singes orientaux : l’un semble saluer le visiteur en levant son chapeau, tandis que le second joue sur une escarpolette. Au-dessus d’eux se retrouvent à nouveau des cartouches décoratifs avec des putti jouant avec des guirlandes florales. Ces décors sont plus tardifs que les autres car datant des Bruny, comme en témoignent les armes de la famille avec le cerf au-dessus du trumeau central.

En savoir plus:

http://www.caumont-centredart.com/fr

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