Les Jolités de Spa

Ce type de mobilier appelé « Bois de Spa » ou bien encore « Jolités de Spa », est apparu à Spa ( ville située dans la région des Ardennes dans l’est de la Belgique.) dans la première moitié du 17ème siècle. Il consistait à fabriquer des objets utilitaires et décoratifs de formes variées , à les peindre et/ou les incruster et les vernir, en fonction des époques.

Aux 16e et 17e siècles, les oeuvres produites par les ébénistes, les tourneurs, voire même les luthiers, s’appelaient des jolités. Au 18e, on entendait par ce même mot les menus objets du ressort de la marqueterie, de l’incrustation, de la tabletterie. »

Coffre à thé de Spa
(c) Noblesse des Grands Siècles Valérie Pagé

Tout commence à Spa dès le 17e siècle, avec l’arrivée des premiers curistes qui doivent arpenter les chemins caillouteux menant aux nombreuses sources. Ils encouragent donc les artisans spadois dans la fabrication de cannes. Très vite, ces derniers vont diversifier leur production. Soufflets et brosses de foyer, brosse à habits puis coffrets, boîtes à quadrille et autres étuis viennent compléter le choix proposé à la société, brillante et fortunée, des bobelins (appellation locale désignant les curistes).

Boîte de Spa en vernis martin d’époque Louis XV.
(c) Galerie Pellat de Villedon

Ceux-ci ont directement accès aux ateliers de fabrication et ils influencent l’évolution des techniques et des styles, important les modes en vogue dans les grandes villes d’Europe.

Jolités de Spa,  (c) Le Musée de la ville d’eaux

C’est ainsi qu’au 17e siècle, on passe de la technique de l’incrustation de métaux (argent, cuivre, étain) et de matières semi-précieuses (ivoire, nacre) aux imitations de laques de Chine, chères aux styles Louis XIV et Louis XV.

Passée la vogue des laques, les décorateurs spadois conservent cette habitude de vernir tous les objets sortant de leurs ateliers.

Le 18e siècle voit apparaître de nouveaux thèmes mis au goût du jour par la Régence : les scènes galantes, d’inspiration française, ou populaires, d’inspiration flamande, côtoient des sujets mythologiques et bibliques. Age d’or de la cité thermale, la seconde moitié du 18e siècle est aussi celui du lavis. Finement réalisés à la plume et au pinceau, ces décors à l’encre de Chine représentent les principales curiosités locales ou régionales.

Quant au style Louis XVI, il introduit à profusion fleurs et insectes sagement cantonnés dans des guirlandes de perles et de rubans parfois agrémentés de devises amoureuses ou amicales.

Jolités de Spa, (c) Le Musée de la ville d’eaux

La Révolution française sonne le glas des saisons spadoises ; abandonnée par l’aristocratie, la cité voit se clore son âge d’or.

Le XIXe siècle adapte sa production aux exigences de la nouvelle clientèle bourgeoise. Moins fortunée et moins éclairée, celle-ci incite les décorateurs à se limiter à un choix de sujets plus restreint quelquefois même stéréotypé. Les fleurs au naturel, les scènes de genre et surtout les sujets animaliers laissent peu de place aux compositions originales.

Jolités de Spa. (c) Le Musée de la ville d’eaux

Quant aux artistes du XXe siècle, mises à part quelques tentatives fort rares, ils n’adaptent aucun courant artistique contemporain. Ils se bornent soit à une tendance naturaliste, héritière du 19e siècle, soit exploitent la veine des pastiches imitant les styles anciens avec une nette préférence pour le Louis XVI.

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