José Maria Sert, le Titan à l’oeuvre (1874-1945)

José María Sert

L’œuvre de José Maria Sert, grand peintre du XXème siècle, est à l’affiche du Petit Palais, Musée des Beaux-Arts de Paris jusqu’au 5 août 2012 lors de l’exposition (José María Sert, le Titan à l’oeuvre (1874-1945)) ou l’artiste ouvre les portes de son atelier, pour montrer la force de son art et l’originalité de sa méthode..

José Maria Sert
Les quatre saisons
– salle à manger Arthur Capel- «Amérique ou l’hiver», 1917-1919
© Archivo Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía, Madrid

Peintre décorateur, Sert est inlassablement en quête de commandes, et travaille pour les élites économiques et politiques du monde entier, d’abord à Paris, puis en Europe et en Amérique. Il est un « baroque moderne », pétri de références à la grande tradition mais revendiquant l’actualité de son art.

L’atelier est le fil conducteur qui permet de brosser le portrait d’un artiste aujourd’hui injustement méconnu. Il s’agit d’une approche inédite, qui veut rendre compréhensible une méthode de création originale et rigoureuse. Un décor fini exceptionnellement reconstitué côtoie ainsi environ 120 œuvres (des panneaux autonomes de taille monumentale – certains allant jusqu’à 10m de longueur par plusieurs mètres de hauteur -, des esquisses, des photographies de travail et des maquettes). Documents, photographies intimes et supports textuels permettront au visiteur de découvrir les coulisses d’un art et d’une vie, ainsi que de comprendre des choix politiques controversés, propres à une époque complexe. Cette exposition ambitieuse entend redonner sa place dans l’histoire de l’art à l’une des grandes figures « parisiennes » de l’art international du siècle.

José Maria Sert, artiste Catalan

Né à Barcelone en 1874, Sert s’installe à Paris en 1899, où il réside jusqu’à sa mort. Ses talents artistiques, son aisance
sociale, sa personnalité et sa fortune séduisent : ses amis se comptent parmi les musiciens (Albéniz, Stravinsky, Falla),les peintres (Blanche, Picasso, Dalí), les écrivains (Claudel, Proust, Valéry), mais aussi dans la mode (Chanel) et la scène (Diaghilev, Cocteau). Sa rencontre avec Misia, muse des Nabis et femme du monde, lui ouvre de nombreuses portes. Son éclatante présentation du projet de décoration pour la cathédrale de Vic au Salon d’Automne de 1907 lui vaut une renommée immédiate. Il met au point une méthode de travail complexe où la photographie est exploitée bien au-delà de sa capacité à fixer objectivement les détails d’une image.

 José María Sert
Exposition José María Sert, Petit Palais, Paris 2012

Après ses premières commandes (le décor du salon de musique
pour la princesse de Polignac, ou le décor pour Sir Saxton Noble),Sert devient rapidement le décorateur le plus couru du tout-Paris.Il peint ainsi Les Quatre Saisons entre 1917 et 1919 pour Arthur Capel, magnat de l’industrie et amant de Gabrielle Chanel. Il conçoit ce décor (ainsi que d’autres à la même époque) comme
une « boîte », enfermant le spectateur dans un univers féerique.

Dans les années 1920, Sert multiplie les projets pour une clientèle d’élite : le paravent pour la reine d’Espagne et les cartons de tapisserie pour son époux Alphonse XIII, le projet de décor pour Jules Pams le rapprochent des puissances politiques, le décor pour Maurice Wendel des forces économiques.

José María Sert
José María Sert, Scènes de Cirque,
paravent pour le boudoir de la reine d’Espagne, 1920
© Patrimonio nacional — palacio de El Pardo Madrid

Dans les années 1930, les deux projets emblématiques de sa carrière arrivent dans l’atelier de Sert, qui se consacre à ces grands cycles : le décor pour la Société des Nations à Genève et le Rockefeller Center à New York. La production des décors publics diffère de la production des commandes privées : l’atelier adopte un fonctionnement double. Pour résoudre les décors publics, Sert introduit dans sa méthode de travail l’utilisation des mannequins de bois articulés, qui lui permettent d’atteindre une grande abstraction (pour traiter des thèmes de grande envergure morale comme la Paix, le Progrès, la Justice…). Les décors privés exploitent des thèmes légers et festifs : acrobates et marionnettes s’y ébattent.

 

Vous aimez aussi