Jean Geoffroy dit Géo: le peintre de l’enfance

Jean Geoffroy est un peintre et illustrateur, né à Marennes et mort à Paris en 1924 où son épitaphe au cimetière de Pantin précise qu’il était le « peintre des enfants et des humbles ». Humble et laborieux, il l’était lui-même, vivant au milieu des gens du faubourg qui lui servaient de modèles.

Après avoir suivi les cours de gravure et de lithographie d’Eugène Levasseur, Geoffroy expose régulièrement aux Salons à partir de 1874 au Salon des Artistes Français, où il reçoit plusieurs récompenses dans les années 1880. Il pratique les scènes de genre, les portraits, et se fait une réputation en peignant les charmes de l’enfance.

 » Au dispensaire  » huile sur toile de GEO
Henri Jules Jean Geoffroy (1853-1924).
(c) Galerie Loic Lucas, proantic

Le peintre, qui loge dans la rue du Faubourg-du-Temple, est à même d’observer la pauvreté, les titres de ses toiles en témoignent : Les Infortunés (1883), Les Affamés (1886). Le Jour de visite à l’hôpital (1889) a consacré Geoffroy, qui signait « Géo », peintre de la maladie, de la misère et de la mort ; mais l’œuvre est aussi un hymne au progrès médical. On citera encore dans ce registre Noël des petits au dispensaire de la Goutte de Lait de Belleville (1908, musée de l’Assistance publique).

L’arrivée à l’école (1909), Jean Geoffroy
(c) La Piscine (musée) Roubaix]

C’est l’observation des enfants — son atelier dominait une école — qui l’inspire le mieux.  Imprégné par le naturalisme qui connaît alors un grand succès, Géo intègre à sa peinture un réalisme saisissant pour représenter fidèlement l’enfant tel qu’il est dans son milieu naturel. Il représente chaque être dans son unicité, le peint avec son regard bienveillant, tout en témoignant des changements profonds et fondamentaux s’opérant dans le système éducatif de cette jeunesse.

Aquarelle de Jean Geoffroy dit Géo.
(c) Galerie Patrick Boutillier, Proantic

En effet, la conception de la société est alors bouleversée par les convictions profondes et la pensée de Jules Ferry qui considère l’enfant dès son plus jeune âge, comme l’incarnation de la Nation. Il donne l’élan décisif de l’instruction morale, civique et démocratique, en instituant l’enseignement gratuit, obligatoire et laïc.

Ce contexte et le regard humaniste de Geoffroy, vont légitimer sa désignation en 1893 par le ministère de l’Instruction publique pour l’exécution de cinq toiles, chacune devant « perpétuer le souvenir de la vie scolaire à cette époque ». Le style de Geoffroy incarne pour Ferdinand Buisson, le reflet de l’idéologie scolaire républicaine. Aussi, chaque toile devait être le miroir des fondements du système éducatif de la IIIe République et de son action.

Jean Geoffroy dit Geo

Geoffroy a illustré dans la même veine et en noir et blanc de nombreux livres et albums pour les éditeurs Delagrave et Hetzel. Les thèmes choisis concernent la vie à l’école (Une année de collège à Paris, 1883, Mémoires d’un collégien russe, 1889), la vie familiale (Jack et JaneHistoire de deux bébésContes de l’oncle Jacques, parus chez Hetzel), les scènes de rue, plus rarement.

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