Giuseppe Castiglione, peintre jésuite à la cour des Qing

Guiseppe Castiglione passa plus de 50 ans à peindre la vie en Chine sous trois empereurs Qing successifs : Kangxi, Yongzheng et Qianlong. Castiglione excelle notamment dans l’art du portrait, dans la peinture de personnages, d’animaux en particulier de chevaux, de paysages.

L’Empereur Qianlong et le cheval. Giuseppe Castiglione

Originaire de Milan, Giuseppe Castiglione a sans doute reçu sa première formation de peintre avant son entrée au noviciat de Gênes en 1707. Se destinant à l’évangélisation en Chine, il est envoyé au Portugal en 1710 et termine son noviciat au couvent des jésuites de Coimbra, avant de s’embarquer, en 1714, à destination de Macao. Il y arrive en 1715 et gagne Canton, où il acquiert les bases de son éducation chinoise. À Pékin, à la fin de 1715, il est présenté à l’empereur Kangxi (1662-1722) comme peintre et commence à travailler pour la cour avec le Napolitain Matteo Ripa (1682-1745).

 

En 1721, Castiglione est nommé coadjuteur temporel et adopte le nom chinois de Lang Shining. Il signe ses œuvres en caractère chinois de son nom sinisé Lang Shining.

Pendant ces premières années à Pékin, en dehors de son travail à l’Académie de peinture, établie dans l’enceinte du palais  impérial, Castiglione collabore à la décoration de l’église Saint-Joseph (Dongtang), détruite au XIXe siècle, et à l’adaptation en chinois du traité Perspectiva Pictorum et Architectorum d’Andrea Pozzo, dont il se dit le disciple.

À l’avènement de Qianlong (1736-1796), Castiglione a déjà acquis la première place parmi les peintres européens qui travaillent à la cour. Son activité sera désormais tout entière consacrée à l’empereur.

L’activité de Castiglione, parfois indissociable de celle de ses collègues européens et chinois, sera considérable de 1736 à 1766. Cette activité multiforme ira des rouleaux commémoratifs à la peinture de portrait et de chevaux , aux dessins pour des gravures ou pour la décoration des porcelaines de la manufacture impériale, enfin à la conception et à la maîtrise d’œuvre des palais et jardins à l’européenne que l’empereur fait édifier dans l’enceinte de son palais d’été du Yuanmingyuan, à partir de 1747.  Castiglione est devenu le plus célèbre peintre de chevaux à la cour des Qing. Les chevaux, c’étaient presque des dieux, que les empereurs voulaient immortaliser dans d’immenses tableaux.

C’est l’époque également des grandes toiles décrivant des scènes de chasse (passe-temps préféré de l’empereur mandchou) ou de guerre. Les toiles sur soie sont grandes, mais l’approche est celle d’un miniaturiste : Castiglione soigne tous les détails.

D’un point de vue artistique et technique, la peinture de Castiglione est une grande nouveauté pour les chinois, avec la perspective, le traitement des volumes, des contrastes et des ombres, l’usage de l’huile, l’intérêt pour l’anatomie. Le talent de Castiglione est d’avoir su allier ces procédés à ceux de la tradition picturale chinoise, art essentiellement linéaire, faisant un usage savant de l’encre et des couleurs à l’eau. Castiglione crée un style personnel basé sur de techniques occidentales, mais augmenté d’un souffle et de principes typiquement chinois.

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