Eileen gray

Eileen Gray

 L’ exposition est présentée au centre Pompidou jusqu’au 20 mai 2013

Le Centre Pompidou consacre une rétrospective à l’oeuvre singulier de la créatrice irlandaise, Eileen Gray. À travers une sélection d’oeuvres, de pièces de mobilier, de photographies, de maquettes et de documents réunis de façon inédite, cette exposition rend hommage à une conceptrice de génie, dont le travail traverse l’Art Déco et le mouvement moderne.

Au même titre que Le Corbusier ou Mies Van Der Rohe, Eileen Gray figure parmi les architectes et designers qui ont profondément marqué le XXème siècle et défini la modernité.

 Eileen Gray (1878-1976), architecte-décoratrice irlandaise ayant choisi la France comme pays d’adoption, a été une exceptionnelle artiste pluridisciplinaire : laqueuse, décoratrice, créatrice textile, architecte, photographe ou encore peintre. Son travail novateur en matière de mobilier et d’architecture allie les lignes épurées du Mouvement moderne à un souci du confort et de praticité. Contemporaine de Charlotte Perriand, Eileen Gray est l’une des figures marquantes des arts décoratifs français des années 1910 et 1920 et fait partie du panthéon des architectes et designers modernes.

Eileen gray
Fauteuil Transat, 1926-1929
Mobilier provenant de la maison E 1027,
© Centre Pompidou / photo: Jean-Claude Planchet

 Dans un univers artistique encore largement dominé par les hommes, Eileen Gray incarne aussi une féminité d’avant-garde. Créatrice totale, elle nourrit aujourd’hui encore l’inspiration de toute une génération d’artistes. Peintre de formation, autodidacte dans beaucoup d’autres domaines, libre avant tout et évoluant loin des conformismes, Eileen Gray concevra des projets jusqu’à la fin de sa vie et laissera derrière elle plus de soixante-dix ans de création. Elle n’a jamais développé de production industrielle et toutes ses pièces sont donc uniques et d’autant plus rares. Son chef-d’oeuvre, manifeste de la modernité, restera la villa E 1027, conçue à Roquebrune-Cap-Martin en 1926, en complicité avec l’architecte roumain Jean Badovici.

L’exposition du Centre Pompidou éclaire le parcours et le travail d’une artiste qui a su lier une prodigieuse virtuosité technique à une force poétique inimitable, en excellant notamment, dans le laque et le textile, mais aussi dans une nouvelle conception de l’espace et du rapport au meuble et à l’objet.

Eileen Gray, du 20 février au 20 mai 2013 par centrepompidou

L’art du laque

C’est au tournant du XXe siècle, alors qu’elle étudie le dessin et la peinture à la Slade School of Fine Art à Londres, qu’Eileen Gray découvre l’art du laque. Fascinée par les pièces des collections du Victoria and Albert Museum à Londres, elle choisit de s’initier à la technique de ce matériau auprès de D. Charles, artisan-restaurateur dans le quartier de Soho. Peu de temps après son installation à Paris, à la fin de l’année 1906, elle fait la connaissance de l’artisan laqueur japonais Seizo Sugawara, auprès de qui elle perfectionne son savoir-faire.

Eileen Gray
Table aux chars, circa 1915
Bois laqué, ébène, ivoire
Conçue pour le couturier Jacques Doucet
Collection particulière, courtesy Galerie Vallois, Paris
© photo : Vallois-Paris-Arnaud Carpentier

En 1910, tous deux unissent leurs compétences et oeuvrent de concert au 11, rue Guénégaud ; leur collaboration durera plus de vingt ans. De leur atelier sortiront des pièces emblématiques comme Le Magicien de la nuit, le fauteuil Sirène, les oeuvres commanditées par le célèbre couturier Jacques Doucet ou bien par Madame Mathieu Lévy, modiste de l’enseigne J. Suzanne Talbot. La communion de leurs savoirs combinée à la sensibilité, à l’audace et au talent de Gray sont à l’origine de certains des plus grands chefs-d’oeuvre en laque du début du XXe siècle en Occident.

Eileen Gray
Fauteuil Sirène, circa 1919
Bois laqué, velours
© photo : Anthony DeLorenzo

Jacques Doucet

Couturier, amateur et collectionneur d’art, Jacques Doucet remarque les premières oeuvres en laque d’Eileen Gray au Salon des artistes décorateurs, en 1913. Fasciné par ses créations, il se rend à son atelier, prend connaissance de son travail et lui achète un paravent à quatre feuilles, Le Destin, seule pièce signée et datée de la main de Gray.

Entre 1913 et 1915, les pièces de mobilier qu’il lui commande prendront place dans son appartement, avenue du Bois, puis en 1926 dans son studio, rue Saint-James à Neuilly : la Table aux chars dans le vestibule d’entrée, la Table au bilboquet au centre de la galerie et la Table au lotus dans le cabinet d’Orient. La vente aux enchères de sa collection de mobilier, en 1972 à l’Hôtel Drouot, sera à l’origine de la redécouverte de l’oeuvre d’Eileen Gray.

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