Le département des Objets d’art du musée du Louvre

Les collections du département des Objets d’art offrent un large panorama de la décoration intérieure, de la production des grandes manufactures, de l’artisanat et du commerce d’art, principalement français, du règne de Louis XIV à la Révolution.

Constituées de boiseries et de décors peints, de tapisseries, de meubles d’ébénisterie, de bronzes d’ameublement, de marbres, d’orfèvrerie et de bijouterie, d’instruments scientifiques, de faïences et de porcelaines européennes, ces collections  principalement d’origine royale et princière possèdent un caractère remarquable.

Le nouveau parcours, présentant plus de deux mille objets, a vocation à éclairer aussi  bien l’histoire des techniques que celle des styles, à présenter les grandes résidences et les principales personnalités du temps : artisans, artistes ou commanditaires.

Martin CARLIN (attribué à ), Charles-Nicolas DODIN La Commode de Madame du Barry vers 1772

Une attention particulière a été portée à l’aménagement de period rooms, afin de rendre perceptible et compréhensible cet art de vivre luxueux. Ce principe muséographique, adopté dès le XIXe siècle par certains musées historiques, permet de restituer les plus belles inventions des décorateurs et maîtres-artisans dans leur environnement naturel, comme les salons et bibliothèque de l’hôtel de Villemaré, le grand salon du château d’Abondant et la chambre de parade de l’hôtel de Chevreuse.

Bibliothèque de l’hôtel de Villemaré-Dangé à Paris, vers 1750, avec la pendule astronomique de Germain dite de la «?Création du monde?» déposée par Versailles.
2014 Musée du Louvre, dist. RMN-GP / Olivier Ouadah

Le département des objets d’art du musée du Louvre est un des départements les plus riches du musée, constamment agrandi par des donations et des achats. Les objets couvrent une période allant du haut Moyen Âge au milieu du XIXème siècle. La collection, l’une des plus belles du monde, comprend plus de 20 000 œuvres au total, parmi lesquelles 8 500 sont exposées dans 100 salles, dont certaines sont des chefs d’œuvre en elles mêmes (Galerie d’Apollon, Appartements Napoléon III).

Naïade (porcelaine tendre et bronze doré).
(c) Musée du Louvre

Histoire du département

Ce département a été créé en 1893, année ou il a été séparé de celui des Sculptures. De valeur exceptionnelle, ces objets et meubles proviennent des collections royales, des anciens trésors de Saint-Denis et de l’ordre du Saint-Esprit, ainsi que du transfert au Louvre, en 1901, de l’ancien musée du Mobilier National. A cela se sont ajoutés, depuis le début, de multiples donations et achats.

Cabinet Turc du comte d’Artois, frère de Louis XVI (1775-1785)

Les collections du département des objets d’art se trouvent au 1er étage du musée, dans l’aile Richelieu, les ailes Nord et Nord-Ouest de la Cour carrée, ainsi qu’au 1er étage de l’aile Denon (Galerie d’Apollon). L’aile Richelieu accueillait auparavant le ministère des finances qui a déménagé à Bercy, a été réaménagée en salles d’exposition et inaugurée le 18 novembre 1993. En janvier 2000, de nouvelles salles consacrées aux objets d’art du XIXème siècle ouvrent leurs portes dans les anciens bureaux du ministère des finances de Napoléon III, et portent à 20 000 le nombre de pièces inventoriées dans le département.

Athénienne de Napoléon 1er (c) Musée du Louvre

En 2005, la section du département des Objets d’Art du Louvre consacrée au règne de Louis XIV et au XVIIIème siècle est fermée pour rénovation, à l’origine pour une question de remise à niveau du système électrique qui devait durer 2 ans.

Le 6 juin 2014, après 9 années et un budget de 26 millions d’euros (financé par des mécènes), 33 nouvelles salles contenant plus de 2000 objets sont rouvertes, dont une grande partie ont été conçues comme des Period rooms présentant le mobilier français du règne de Louis XIV à celui de Louis XVI. Une première équipe d’architectes est assignée à la rénovation du département, mais en 2008, à la suite du constat d’infaisabilité de cette équipe, l’aménagement muséologique de ces nouvelles salles est confié à Jacques Garcia avec les directeurs du département qui se succèdent. Fabrice Ouziel a dessiné les nouveaux décors. La rénovation des boiseries a occupé les trois quart du budget total.

Grand buffet de plats de faïence de Rouen, les plus belles ornées de motifs à l’ « ocre niellé », Rouen, vers 1700-1725. Paris, musée du Louvre. © Musée du Louvre, dist. RMN-GP / Olivier Ouadah.

La collection d’art reconstituée s’est faite grâce aux contributions du Palais des Tuileries et du Château de Saint-Cloud sous formes de meubles et autres objets décoratifs, suivi par le Mobilier national de chefs-d’œuvre de l’ébénisterie et de la tapisserie d’origine royale.

Décors

Cette nouvelle présentation des collections permet de montrer les boiseries de plusieurs salons d’hôtels particuliers, de remonter la coupole des Petits-Appartements de l’hôtel du prince de Condé réalisée par Antoine-François Callet en 1774 et de présenter des meubles de André-Charles Boulle, Martin Carlin, Mathieu Criaerd, Alexandre-Jean Oppenord.

Salle Marie Antoinette.
(c) Musée du Louvre

Collection

On distingue 4 groupes de collections dans le département : les collections du Moyen Âge, les collections de la Renaissance et de la première moitié du XVIIème siècle, les collections de la seconde moitié du XVIIème et du XVIIIème siècle et les collections du XIXème siècle (y compris les appartements Napoléon III).

La présentation dans les salles des collections de la seconde moitié du XVIIème et du XVIIIème siècle a été divisée en trois grandes séquences chronologiques et stylistiques :

Le circuit est divisé en trois grandes séquences chronologiques et
stylistiques :

  • 1660-1725 : règne personnel de Louis XIV et la Régence
  • 1725-1755 : épanouissement du style rocaille
  • 1755-1790 : retour au classicisme et règne de Louis XVI.

on découvre tout le faste, le raffinement de l’art de vivre à la française, de Louis XIV à Louis XVI. Une succession de salons, de chambres, de cabinets, avec leurs meubles somptueux, leurs boiseries ou leurs corniches.

Une première collection chargée d’histoire

La présence au Louvre d’objets d’art provenant du Garde-meuble royal était déjà prévue lors de la création du Museum par le décret de la Convention du 27 juillet 1793. Les statuettes en  bronze et les gemmes de la Couronne entrèrent un peu plus tard, en 1796, de même que les vestiges prestigieux des trésors de la Sainte Chapelle et de l’abbaye de Saint-Denis, comprenant les vases assemblés par l’abbé Suger et les Regalia du sacre des rois de France. Ce premier noyau, comportant aussi des saisies de biens d’émigrés, fut augmenté d’objets rapportés des conquêtes révolutionnaires et impériales ainsi d’achats exceptionnels comme le Bouclier et le Casque de Charles IX. En 1802, alors que Dominique-Vivant Denon devenait directeur du Museum, les objets d’art relevaient du département des Antiques confié à Ennio Quirino Visconti remplacé, à sa mort en 1818, par le comte de Clarac. Entre temps, la collection initiale s’était amoindrie par la vente en 1798 de seize objets provenant de Saint-Denis, les réquisitions effectuées par Napoléon Ier pour les palais et la restitution d’œuvres provenant des conquêtes napoléoniennes en 1815.

Une extension spectaculaire au 19e siècle

La politique d’acquisition très active sous la Restauration permit l’entrée de collections entières comme celle de l’amateur fortuné Edme-Antoine Durand (1825) et celle du peintre Pierre Révoil (1828), réunissant de magnifiques ensembles d’objets de techniques diverses pour le Moyen Âge et la Renaissance. Ces efforts ne furent pas poursuivis sous Louis-Philippe, mais le Louvre put néanmoins recueillir le trésor du Saint Esprit lors de la suppression de l’ordre en 1830. A la mort du comte de Clarac, en 1847, les collections d’objets d’art, associées à celles de Sculpture et d’Antiquités grecques et romaines, furent confiées au marquis de Laborde qui démissionna en 1854.
Le Second Empire marqua une nouvelle extension des collections d’objets d’art au moyen d’une création éphémère : le musée des Souverains, institué par Napoléon III, le 15 février 1852, qui regroupait des œuvres liées à l’histoire de la monarchie de Childéric à Louis-Philippe prélevées notamment dans les collections du Louvre, du Garde-meuble royal, de la Bibliothèque nationale. Le conservateur était le comte Horace de Viel-Castel auquel succéda en 1863 Henry Barbet de Jouy. Les principaux enrichissements dans ces années furent l’entrée de la collection Sauvageot en 1856 et de la collection Campana en 1861.
A partir de  1870, les  collections furent progressivement étendues aux 17e et 18e siècles grâce à des versements successifs du Mobilier national, comprenant notamment des meubles et objets sauvés avant les incendies des Tuileries et de Saint-Cloud. Le musée des Souverains ayant été supprimé dés 1872,  les objets d’art fusionnèrent de nouveau avec la Sculpture sous la direction de Barbet de Jouy puis d’Edmond Saglio. Cette situation dura jusqu’en 1893 date à laquelle le département des objets d’art devint indépendant. Les nouvelles salles du mobilier 18e furent installées par Emile Molinier en 1901.

Des grandes collections aux dations

L’histoire du département des objets d’art à la fin du 19e et au cours du 20e siècle est jalonnée de dons et legs de grandes collections, sans oublier les dons réguliers faits par les amis du Louvre. En 1880 le legs Thiers, puis en 1922 celui de la baronne Salomon de Rothschild mêlaient des objets de la Renaissance avec des bijoux et porcelaines du 18e siècle. D’autres collections centrées sur une même époque donnaient toujours la préférence au Moyen Âge et à la Renaissance (collections Davillier, Adolphe de Rothschild, Arconati Visconti), tandis que le 18e siècle était à l’honneur dans les ensembles constitués par Isaac de Camondo et Basile de Schlichting. Ces fonds prestigieux s’accrurent encore de nombreux dons après la dernière guerre, en particulier ceux de M. et Mme David David-Weill en 1946, M. Stavros S. Niarchos en 1955 et de M. et Mme Grog-Carven, 1973. A partir de 1972, des objets de premier ordre entrèrent par la procédure des dations.
Bénéficiant de l’espace libéré par le ministère des Finances, les collections furent redéployées dans l’aile Richelieu : les nouvelles salles destinées au Moyen Âge et à la Renaissance furent inaugurées en 1993 et l’espace dévolu au 19e siècle, faisant la jonction avec les appartements historiques aménagés sous Napoléon III, ouvrit au public en 1999.

En savoir plus:

https://www.louvre.fr/departments/objets-dart

 

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