Complètement Piqué: – Le fol art de l’écaille à la Cour de Naples

La Galerie J. Kugel présente la première exposition dédiée à l’art du ‘piqué’, développé à Naples dans la première moitié du XVIIIème siècle, une technique qui conjugue une extravagante inventivité, une virtuose habileté et un luxe inouï.

Ces objets extraordinaires rassemblent trois matériaux précieux : l’écaille, l’or et la nacre. Selon Nicolas Kugel : « Cette fascinante combinaison est sublimée par la lumière qui fait étinceler l’or, révèle l’iridescence de la nacre et pénètre la sombre diaphanéité de l’écaille. »

L’exposition présente plus de 50 objets, réunis autour du chef-d’œuvre de cette technique, la table de Sarao, prêtée pour la première fois par le Musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg.

Grand coffret à décor de chinoiseries. Écaille piquée d’or et de nacre Signé sur le bord en or « Sarao fecit Napoli » Par Giuseppe Sarao Naples. Vers 1735- © Galerie J. Kugel.

Ces œuvres furent réalisées entre 1720 et 1760 pour les amateurs et la Cour, en particulier pour Charles de Bourbon, roi de Naples en 1734, qui transforma son royaume en l’une des Cours d’Europe les plus resplendissantes et cosmopolites.

Les auteurs de ces merveilles étaient appelés ‘Tartarugari’. Le plus fameux d’entre eux fut Giuseppe Sarao, dont l’atelier s’adossait aux murs du palais royal et qui a signé certaines pièces présentées dans l’exposition.

© Galerie J. Kugel

Ces artistes de génie parvinrent non seulement à souder et mouler l’écaille à l’aide d’eau bouillante et d’huile d’olive, mais encore à y incruster l’or et la nacre dans l’écaille encore attendrie. Ils créèrent les formes les plus extravagantes sur lesquelles ils déployèrent, grâce à l’art du “piqué“, les décors à la mode : singeries, chinoiseries ou grotesques.

Alexis Kugel explique avec humour : « L’exposition justifie son titre Complètement Piqué à la fois par l’inventivité démente des artistes et le fol engouement que cet art suscita chez les collectionneurs du XIXème siècle en particulier chez les membres de la famille Rothschild. De nombreuses pièces pouvant s’enorgueillir de cette provenance prestigieuse seront présentées. »

L’exposition est accompagnée d’un catalogue illustré présentant, pour la première fois, une étude complète sur le sujet. La version française sera publiée par Monelle Hayot et la version anglaise par Rizzoli.

© Galerie J. Kugel

 L’extraordinaire table de l’Ermitage constitue le chef-d’œuvre de cette technique. C’est aussi la seule table à avoir gardé son piétement d’origine. Le plateau d’une invention et d’une richesse inouïe est décoré de plus d’une centaine de personnages en chinoiserie, sans compter les animaux, singes, insectes, oiseaux et dragons qui peuplent l’espace.

Les six médaillons principaux présentent des couples chinois en nacre et or dont deux se retrouvent sur le coffre aux tortues . Les compartiments sont eux décorés de petites figures chinoises en or découpé et gravé. Encadrant le centre sont quatre vases en or symbolisant les saisons et les personnages suivent cette symbolique. Le centre est orné d’un petit cartouche dans lequel sont deux chinois faisant de la balançoire. La fête chinoise se poursuit le long des pieds et sur l’entretoise. Sous le médaillon du couple chinois avec un collier se trouve le monogramme ‘SfN’ pour Sarao fecit Napoli.

La table de l’Ermitage
Par Giuseppe Sarao
Naples, vers 1730-1740.

Elle fut achetée en 1886 par le baron Stieglitz à l’antiquaire Goldschmidt de Francfort, l’un des principaux fournisseurs de Mayer Carl de Rothschild, lui-même grand amateur d’écailles piqué. C’est sans doute le décès de Mayer Carl cette même année 1886 qui permit à Stieglitz d’acquérir la table. Elle orna le Musée Stieglitz d’art décoratifs avant d’être transférée à l’Ermitage après 1924.

En savoir plus:

Lieu: Galerie Kugel
25, quai Anatole France
75007 Paris
France

Exposition en entrée libre, du lundi au samedi de 10h30 à 19h.

Date: Jusqu’au 8 décembre

Site: http://www.galeriekugel.com/

Vous aimez aussi