Antoine Raspal, peintre de l’élégance provençale

A l’occasion des 20 ans du Musée Provençal du Costume et du Bijou, la Maison Fragonard organise une grande exposition dans ses deux musées grassois autour de l’œuvre du peintre arlésien Antoine Raspal (1738-1811), bien connu des collectionneurs de textile. Un peintre dont les œuvres sont une source de documentation indispensable pour tous ceux qui s’intéressent au costume provençal. La Maison Fragonard en partenariat avec le Musée Réattu à Arles organise pour la première fois depuis 1977, date de la dernière exposition qui lui fut consacrée, sa plus importante exposition monographique. L’occasion de découvrir de nombreux inédits et de redécouvrir ses chefs d’œuvre provençaux.

 

Portrait de jeune fille en ancien costume d’Arles, musée Granet, Aix-en-Provence

ANTOINE RASPAL, UN ŒIL ARLÉSIEN SUR LA SOCIÉTÉ PROVENÇALE Au Musée Jean-Honoré Fragonard

Des toiles imprimées, des soies brochées, des dentelles et des facettes de diamant, Antoine Raspal en maîtrise chaque aspect avec virtuosité. Sa réputation en la matière n’est plus à faire. Les fins connaisseurs, passionnés ou simples amateurs du XVIII e siècle l’apprécient et le reconnaissent parmi les principaux acteurs de la peinture provençale.

Né à Arles en 1738, il grandit dans un univers  bourgeois ou l’art règne en maître. Son père, marchand de profession peintre amateur et sa mère, fille du sculpteur arlésien Pons Dedieu, à la tête d’une friperie, l’envoient  se former à l’École de l’Académie Royale de Peinture et de Sculpture à Paris. Primé en 1764 par une médaille pour son « Académie d’homme », il passera deux séjours à Paris, dont on ne retrouve que peu de traces, avant que son cœur provençal ne le ramène à Arles pour toujours.

Le peintre et sa famille, musée Réattu, Arles

C’est in situ qu’il se réalise et qu’il  nous offre une production aussi touchante qu’hétéroclite. Véritable touche à tout, il excelle dans l’art du détail et de la représentation des textiles. Il puise son inspiration dans l’Atelier des Demoiselles Raspal «  du Sauvage  », dirigé par ses sœurs, dont il laisse le plus précis des témoignages dans son chef d’œuvre L’ Atelier de couture. Héritier d’une lignée de sculpteurs et d’orfèvres, c’est avec l’adresse et la gestuelle précise qu’il copie les modèles de mode créés avec panache et dextérité par ses sœurs dans l’Atelier. Intégré au paysage local, il est reconnu et semble avoir le monopole sur les commandes de peintures et de dessins des particuliers et des instituions arlésiennes.

Il meurt  dans sa ville natale en 1811, après avoir occupé les fonctions de Juge de Paix durant la Révolution et formé dans ses jeunes années à l’art de la peinture, son neveu Jacques Réattu.

ITINÉRAIRE D’UNE EXPOSITION

Réunis dans les salles d’exposition temporaire du musée Jean-Honoré Fragonard, les tableaux et dessins d’Antoine Raspal proviennent de prêts exceptionnels issus des collections des musées Réattu, Grobet-Labadié, Granet, des archives de la ville d’Arles et de collections privées. Jamais le public n’a eu accès à une telle réunion d’œuvres du peintre. L’ Atelier de couture, la plus célèbre de ses œuvres tant elle a été reprise dans les livres de costumes, est l’œuvre majeure de cette exposition. Ce tableau présente un atelier de couturières en costume qui sont à l’ouvrage et ont en arrière-plan des robes accrochées au mur, visiblement terminées. Christian Lacroix aime raconter que cette œuvre l’a suivi tout au long de sa carrière et a été une source d’inspiration pour ses créations. Les couleurs chatoyantes, les motifs nombreux, sont d’une grande richesse pour l’amateur de textiles.

Antoine Raspal, peintre de l’élégance provençale

Ainsi l’exposition des œuvres d’Antoine Raspal au Musée Jean-Honoré Fragonard retrace au gré des salles, les différents univers du peintre : ses portraits, dont son autoportrait entouré de sa mère et ses sœurs, les œuvres religieuses, moins connues, dont une totalement inédite et retrouvée dans le fonds du Musée Réattu, ses scènes de genre, et enfin ses dessins et ses œuvres de jeunesse, inspirés des thématiques néoclassiques. Clément Trouche, commissaire de l’exposition, a effectué une recherche très poussée sur cet artiste encore trop méconnu, et a réussi à réunir un ensemble extraordinaire d’œuvres.

Réalisée conjointement, cette exposition voyagera ensuite vers Arles où elle sera présentée au Musée Réattu du 7 octobre 2017 au 7 janvier 2018.

Antoine Raspal, Portrait d’ Arlésienne, vers 1780 © musée Réattu, Arles

DES TABLEAUX AUX COSTUMES PROVENÇAUX

Au Musée Provençal du Costume et du Bijou Antoine Raspal maîtrisait à la perfection la représentation de l’élégance provençale de la seconde moitié du XVIII e siècle. Il restitue dans ses tableaux avec une précision d’orfèvre les jupons imprimés, les droulets colorés, les taffetas de soie brochée, les casaquins ornés de fleurs des Indes, les dentelles, les croix Maintenon et maltaises. Riche d’une collection unique, le Musée du Costume propose un dialogue imaginaire avec le peintre en exposant dans une scénographie renouvelée ses pièces de textile historiques dont certaines auraient pu être portées par les modèles du peintre. Tissée d’une main de maître, l’exposition est un voyage dans l’intimité provençale : sa mode, sa société et son art de vivre, entre points de couture et touches de peinture.

Ensemble de pièces d’une tenue à la mode d’Arles vers 1775-80, Collection du Musée Provençal du Costume et du Bijou

Fondé par Hélène Costa, qui a collectionné toute sa vie les costumes provençaux anciens, le Musée Provençal du Costume et du Bijou à Grasse possède un fonds exceptionnel qui porte autant d’échos avec les œuvres d’Antoine Raspal. C’est d’ailleurs lors d’une de ses escapades provençales qu’Hélène Costa fit l’acquisition de trois œuvres du peintre, qui sont le point de départ de l’exposition.

Plusieurs œuvres du peintre se retrouvent agrandies, animées et sujettes à raconter l’histoire. L’histoire de la Provence et de ses belles provençales, qui savaient manier l’assemblage des vêtements, leurs motifs et couleurs. Ainsi, des mannequins habillés de costumes originaux intègrent L’ Atelier de couture, ou encore s’affairent à la Foire de Beaucaire. Une exposition qui retrace autant l’histoire du costume, que celle d’une région, et d’un art de vivre, grâce au concours d’Eva Lorenzini, conservatrice du Musée Provençal du Costume et du Bijou.

Atelier de couture à Arles, vers 1785, musée Réattu, Arles.

Enfin, le rez-de-jardin du Musée Jean-Honoré Fragonard propose une interprétation toute en technologie numérique avec une animation 3D de l’œuvre d’Antoine Raspal La Promenade aux Alyscamps. L’occasion pour le visiteur de se fondre dans le décor et pénétrer au cœur de la toile du maître arlésien.

En savoir plus:

Antoine Raspal, peintre de l’élégance provençale »
Du 12 mai au 17 septembre 2017

Musée provençal du costume et du bijou

2, rue Jean Ossola. 06130 Grasse

 

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