La détrempe vernie, dite «Chipolin »

fauteuil époque Louis XV décor gris-bleu selon la technique du chipolin

La détrempe vernie, dite «Chipolin », une très belle technique ancienne du décor peint en vogue au XVIIIe siècle qui passe pour être la plus belle peinture d’appartement. C’est avec elle que l’on réalise les décors les plus fins et les plus fouillés. Cette technique de peinture à la colle qui exige un grand nombre d’opérations est ainsi nommé de l’italien cipolla (ciboule) parce qu’il entre de l’ail dans sa préparation de l’encollage.  Son éclat lui vient de ce que les couleurs ne changent pas, elles reflètent bien la lumière, elles acquièrent plus de vivacité.

fauteuil époque Louis XV décor gris-bleu selon la technique du chipolin
Fauteuil par Jean-Baptiste Gourdin (1723-1781), époque Louis XV décor gris-bleu selon la technique du chipolin
(c) Kohn

Les boiseries, les lambris de menuiserie qui isolent du froid et du bruit, deviennent le décor obligé de toute demeure un peu raffinée au XVIIIème . La mode des couleurs vives et fraîches s’impose pour les appartements privés : jaune citron ou safran, vert, turquoise, lilas… Les décorateurs de l’ancien régime ont souvent joué avec la polychromie des boiseries et du mobilier pour créer des ambiances aimables et gaies. L »engouement à cette époque  pour la porcelaine et les meubles laqués  en provenance de chine s’étendit, grâce au vernis martin, aux boiserie réalisées en France.

Boiserie du salon jaune (c) musée Carnavalet
Boiserie du salon jaune
(c) musée Carnavalet

Peu de boiseries et de sièges ont conservé ce type de peinture de nos jours. Le chipolin est une technique de peinture à la colle de peau ou de parchemin mélangée à du blanc de plomb qui est réalisée sur des lambris qui sont apprêtés traditionnellement  » à la Française ».

Ce n’est qu’après l’adoucissage et une reparure très succincte qu’intervient le polychromeur. Son art se limite, dans la plupart des cas, à recouvrir les sculptures et les moulures avec des couleurs naturelles et vives à la détrempe, glacis riche en pigments. Selon la fortune de son client, il peut également s’adjoindre les services d’un artiste peintre pour décorer les surfaces planes des lambris.

Boiserie du  musée Carnavalet
Détail d’une Boiserie du
musée Carnavalet

Lorsque le décor est terminé, la luminosité des coloris est obtenue  en recouvrant la boiserie de deux ou trois couches d’un vernis au tampon, vernis à l’alcool et à la sandaraque  qui sera ensuite dépoli pour imiter la brillance et la transparence de la porcelaine, lesquelles conféraient un éclat particulier aux surfaces recouvertes de cette laque.

La formule du vernis utilisé dans le chipolin est  due aux frères martin (célèbres pour leur création vers 1730, du fameux  » vernis martin »), elle est postérieure à celle du vernis qu’ils avaient créé pour concurrencer les laques importées de chine et du japon.

 

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