1925, quand l’Art Déco séduit le monde

1925, quand l’Art Déco séduit le monde

l'art deco l’exposition est présentée à La Cité de l’architecture & du patrimoine jusqu’au 17 février 2014

Formes géométriques, pures et dynamiques, le style Art Déco (1919-1940) se caractérise par son attractivité et sa vivacité. Né de l’impulsion des créateurs français tels que les architectes Henri Sauvage, Robert Mallet-Stevens, Roger-Henri Expert, Pierre Patout, les décorateurs André Véra, Louis Süe, André Mare et Jacques-Émile Ruhlmann, les couturiers Paul Poiret et Jean Patou ou encore les sculpteurs Martel, Janniot, Sarrabezolles…, il est le fruit d’une vision commune émanant de champs artistiques variés.

La Cité de l’architecture & du patrimoine, installée dans le Palais de Chaillot, dernier chef-d’oeuvre de l’architecture Art Déco, présente la première grande rétrospective française rendant hommage à une esthétique qui a su unir des créateurs du monde entier et acquérir une popularité pérenne et dont l’exposition internationale des Arts décoratifs et industriels de 1925 à Paris a signé l’apogée.

 Les singularités du style Art Déco seront mises en lumière au travers de mobilier, maquettes et dessins d’architecture mais aussi sculptures, peintures et objets d’art, et présentées sur une étendue de 1100 m².

1925, quand l’Art Déco séduit le monde
Portrait de Suzy Solidor, par Tamara de Lempicka, 1933,
Château-musée de Cagnes-sur-Mer
© 2013 Tamara Art Heritage/Licensed by Museum Masters NYC

L’exposition s’organise selon une suite de séquences thématiques qui s’attachent à démontrer les clés du succès international du style Art Déco et ses influences dans les différents domaines artistiques. Après la comparaison et distinction avec l’Art Nouveau, notamment au travers des plans, maquettes et photographies de la Villa Majorelle de Henri Sauvage à Nancy et de la Villa Cavrois par Robert Mallet-Stevens, l’exposition présente les grandes figures de la création française dont les réalisations des années 1910 portent, déjà, les caractéristiques de l’Art Déco : les architectes Henri Sauvage et Auguste Perret, le décorateur André Véra, le couturier Paul Poiret ou le créateur Jacques-Emile Ruhlmann.

1925, quand l’Art Déco séduit le monde
Les jets d’eau et perroquets, 1917, par Charles Stern Damas soie et coton,
Retissage contemporain par la Manufacture de Soiries Prelle, Paris
© Manufacture de Soiries Prelle, Paris

À partir des années 1920, le style Art Déco se développe dans un contexte marqué par les avancées technologiques et la modernité (aviation, automobile, radio, cinéma muet). Mouvement et vitesse inspirent artistes et architectes : les premiers cinémas Art Déco voient le jour comme le Louxor en 1921 (Henri Zipcy) ou le Grand Rex en 1932 (Auguste Bluysen). Les mentalités évoluent et des personnalités comme la peintre Tamara de Lempicka, Charlotte Perriand, Kiki de Montparnasse, Louise Brooks, Coco Chanel, Joséphine Baker ou Habib Benglia (premier acteur africain du cinéma français) contribuent à cette ouverture d’esprit et véhiculent ce style.

1925, quand l’Art Déco séduit le monde
Salon de l’Ambassade de France à Belgrade
© Editions Internationales du Patrimoine / Marc Walter

Le parcours se poursuit avec une large séquence consacrée à l’Exposition internationale des Arts Décoratifs et Industriels de 1925, qui fit émerger la dénomination d’«Art Déco». Implantée sur l’esplanade des Invalides à Paris, l’exposition de 1925 est marquée par les pavillons de l’Ambassade française et de la Manufacture de Sèvres, par ceux dédiés aux enseignes des Grands Magasins, ainsi que par le Pavillon du tourisme de Robert Mallet-Stevens et le Pavillon du collectionneur de JacquesÉmile Ruhlmann, construit par Pierre Patout et aménagé en collaboration avec les sculpteurs Joseph Bernard et Alfred Janniot ou le peintre Jean Dupas.

1925, quand l’Art Déco séduit le monde
Henri Sauvage – Exposition internationale des arts décoratifs modernes,
Paris, 1925 : Pavillon Primavera : étude en élévation pour la façade principale
(1925) © Cité de l’architecture & du patrimoine

Suivront la reconstruction de l’après-guerre 1914/18 et le développement de l’architecture Art Déco en France, notamment dans le domaine public (aéroports, gares, hôpitaux, lycées) mais aussi villas privées, magasins : Samaritaine à Paris (Henri Sauvage, 1933), Bibliothèque Carnegie à Reims (Max Sainsaulieu,1928), Hôtel Plazza à Biarritz (Louis-Hippolyte Boileau, 1928), Gare de Lens (Urbain Cassan, 1926), La Piscine à Roubaix (Albert Baert, 1932) ou la Bourse du travail à Bordeaux (Jacques D’Welles, 1938).

1925, quand l’Art Déco séduit le monde
Coiffeuse et son tabouret en laque Duco, vers 1926, par Paul Follot
© Galerie Michel Giraud / photographe Stéphane Briolant

Les paquebots construits dans l’entre-deux guerres, tels l’Ile de- France (1926) et le Normandie (1932), seront les véritables ambassadeurs du goût pour le style Art Déco. Un espace reconstitué d’après le Normandie cherchera de faire renaître leur magie par des photographies, portfolios et dessins.

Une dernière section importante est dédiée à la résonance mondiale de ce mouvement esthétique. Après le succès retentissant de l’exposition de 1925 à Paris, architectes, artistes et décorateurs français sont appelés dans les grandes villes du monde pour exercer leurs talents. À New York, Alfred Janniot réalise les portes du Rockefeller Center construit par Wallace Harrison, qui avait fait ses études aux Beaux-Arts de Paris. À Madrid, Bruxelles, Porto, Belgrade, Rio de Janeiro, São Paulo, Shanghai, Saïgon, Tokyo, Chicago, les artistes français influencent leurs homologues étrangers qui déclineront ainsi le style Art Déco en lui insufflant souvent un esprit local. L’Art Déco est adopté, et devient ainsi le premier style vraiment international.

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