L’Académie Royale de peinture et de sculpture

L’Académie royale de peinture et de sculpture fut une institution d’État chargée de réguler et d’enseigner la Peinture et la sculpture en France durant l’Ancien Régime.  Crée en  1648, à l’instigation du peintre Charles le Brun, l’académie royale de peinture et de sculpture est instituée , sous la protection de Mazarin. Elle acquiert une réelle importance lorsque que Colbert en est désigné vice-protecteur en 1663.  Organisée selon une hiérarchie très stricte, directeur, chancelier, recteur, professeurs, académiciens, membres agréés , l’académie royale va rapidement exercer un véritable monopole sur les arts. Jusqu’à David, lui-même issu de l’académie, rares sont les peintres opposants ou qui feront carrière en marge de la puissante institution.

Vue perspective du sallon de l'Académie royale de peinture et de sculpture au Louvre à Paris : [estampe]. (c) Gallica, BNF
Vue perspective du sallon de l’Académie royale de peinture et de sculpture au Louvre à Paris : [estampe].
(c) Gallica, BNF
Au début du XVIIème siècle, la plupart des peintres font partie de la Maîtrise de Saint-Luc, structure corporative fondée en 1391 qui contrôle le marché et sanctionne le mode de formation des artistes.

Un groupe d’artistes, parmi lesquels figure le jeune Charles Le Brun, réagit face à la prétention des Maîtres et se place directement sous la protection du jeune roi Louis XIV, seul capable de les soustraire aux contraintes et aux vexations de la Maîtrise.

En 1655, des lettres patentes accordèrent à la nouvelle compagnie le droit de se nommer Académie royale et décrétèrent que ses membres seuls pourraient être peintres ou sculpteurs du roi ou de la reine. L’Académie s’installa au Louvre, où la galerie d’Apollon accueillit les morceaux de réception, œuvres qu’il convenait d’exécuter avant d’être agréé, puis élu académicien.

Portrait en buste de Charles Le Brun, l’organisateur de l’Académie royale, scultpté par Antoine Coysevox.
Portrait en buste de Charles Le Brun, l’organisateur de l’Académie royale, scultpté par Antoine Coysevox.

Le Roi a financé Académie royale de peinture et de sculpture, distribuant des pensions à ses professeurs. Les artistes qui n’étaient pas membres furent contraints de s’y présenter. En 1663, Charles Le Brun en devient le directeur et est nommé chancelier à vie.. L’Académie était administrée par un directeur choisi parmi ses membres. C’était souvent le peintre favori du Roi.

Le règne de Louis XIV est marqué par une centralisation de toutes les formes de création artistique et intellectuelle au service du prince. Cette création étatisée se déploie, sur le modèle italien, dans le cadre d’académies : l’Académie de danse (1661), l’Académie de musique (1669), l’Académie d’architecture (1671) s’ajoutent à l’Académie française (1635) et à l’Académie de peinture de sculpture, créée en 1648, réformée par Colbert en 1663.

Nicolas de Largillierre, Titan foudroye?, 1706, pierre et rehauts de craie blanche sur papier brun, EBA 2992.
Nicolas de Largillierre, Titan foudroye?, 1706, pierre et rehauts de craie blanche sur papier brun, EBA 2992.

À la mort de Lebrun, Pierre Mignard, premier peintre du Roi, qui n’avait jamais voulu rejoindre l’Académie, fut admis, nommé professeur adjoint, professeur, recteur, chancelier et recteur dans la même séance du 4 mars 1690. Les directeurs se succéderont ensuite, restant en poste en général trois ou quatre ans.

Ouverte aussi aux femmes, contrairement à l’Académie française, quatorze y siègeront de Catherine Duchemin reçue en 1663 à la célèbre portraitiste Elisabeth Vigée Le Brun reçue en 1783.

Les attributs de la peinture, de la sculpture et de l’architecture
Les attributs de la peinture, de la sculpture et de l’architecture

L’Académie Royale de peinture et de sculpture fut supprimée par la Convention à la demande de David (août 1793) et c’est en 1796 que fut fondée l’Ecole des Beaux-Arts.

Il est indéniable que l’Académie eut une influence considérable sur l’art en France, et aussi sur l’ensemble de l’Europe, à cause du rayonnement de la culture française de l’époque.

L’enseignement à l’Académie

L’Académie était avant tout un lieu d’enseignement, fonction dont elle n’a cessé de revendiquer le monopole jusqu’à l’abolition de la Maîtrise en 1776 qui prétendait au même privilège. L’Académie était un lieu de réflexion artistique, et les académiciens y élaboraient les règles de l’Art et du bon goût. L’Académie édictait des règles strictes d’admission et fondait l’essentiel de son enseignement sur la pratique du dessin. Une grande importance était également accordée à l’enseignement de l’histoire, de la littérature, de la géométrie, de la perspective et de l’anatomie.

l’Académie royale de Peinture et de Sculpture a privilégié l’étude du dessin d’après l’antique et le modèle vivant pour étayer sa méthode pédagogique et sa doctrine artistique. La nature était étudiée directement pour en observer les phénomènes qu’elle présentait aux hommes. Les peintres et les sculpteurs devaient acquérir cette vision en travaillant d’abord l’antique puis le modèle vivant, la première source permettant de corriger les défauts de la seconde.

Nicolas Langlois (1640-1703) Exposition des ouvrages de peinture et de sculpture dans la galerie du Louvre en 1699 Détail d’un almanach pour l’année 1700 - Eau forte et burin, - © Galerie Terrades, Paris
Nicolas Langlois (1640-1703) Exposition des ouvrages de peinture et de sculpture
dans la galerie du Louvre en 1699
Détail d’un almanach pour l’année 1700 – Eau forte et burin,
– © Galerie Terrades, Paris

Les professeurs de l’Académie tenaient, par roulement, des cours de dessin de modèle vivant  et des conférences où ils enseignaient les principes et les techniques de l’art aux candidats artistes, peintres et sculpteurs. Les cours étaient payants à un prix modique. Les élèves recherchaient ensuite un maître parmi les membres de l’académie, pour apprendre le métier dans leur atelier.

Les étudiants concourraient à des prix chaque année. Les élèves participaient à de nombreux concours, le plus prestigieux étant  le « grand prix Royal ou grand prix » (futur prix de Rome), prix le plus prestigieux, sanctionnant la fin des études.  Le lauréat bénéficiait d’un séjour de formation durant 4 années aux frais du roi à l’Académie de France à Rome,  crée en 1666 par Louis XIV et était assuré d’une carrière soutenue par les commandes officielles.

La réception à l’Académie valait au peintre le titre envié de Peintre du Roi, à ne pas confondre avec le titre de Premier Peintre du Roi, distinction réservée à un seul homme qui était souvent le directeur de l’Académie.

Jean-Baptiste Isabey, Homme assis appuye? sur le bras gauche, les jambes croise?es, fe?vrier 1789, pierre noire estompe?e sur papier brun, , EBA 2964.
Jean-Baptiste Isabey, Homme assis appuye? sur le bras gauche, les jambes croise?es, fe?vrier 1789, pierre noire estompe?e sur papier brun, , EBA 2964.

La peinture était divisée en genres hiérarchisés.

Héritée de l’Antiquité, codifiée en 1668 par André Félibien, secrétaire de l’Académie, la hiérarchie des genres consacrait la première place à l’invention dans la représentation d’une scène d’histoire religieuse, mythologique gréco-romaine ou profane, aux dépens de l’imitation dont se contentaient portraitistes , peintres de paysages ou de natures mortes.

  •  Au sommet se trouvait la peinture d’histoire, appelée «le grand genre» : tableaux souvent de grande taille, à sujets mythologiques, religieux ou historiques. Ils avaient pour fonction d’instruire et d’éduquer le spectateur.
  •  Venait ensuite le portrait, représentant des personnages importants du passé comme du présent.
  •  Puis les scènes de genre, les sujets moins « nobles » : représentations, généralement de petite taille, de scènes de la vie quotidienne attachées aux personnes ordinaires.
  • Les genres dits « d’observation » qu’étaient la peinture de paysage, la peinture animalière et la nature morte.
  • D’autres genres furent ajoutés, tels les « fêtes galantes » en l’honneur de Antoine Watteau , qui ne remirent toutefois pas en cause la hiérarchie.

Cette hiérarchie se révélait lors des concours d’entrée où les peintres d’histoire n’étaient tenus de fournir qu’une seule œuvre contre deux pour les autres genres. Au XIXe siècle, les peintres se sont progressivement libérés de cette hiérarchie.

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